La transition énergétique en agriculture devait être le débat de la session de la chambre d'agricutlure du Jura qui s'est tenue le 29 novembre, à la Maison des agriculteurs à Lons-le-Saunier. Le sujet fut abordé via la présentation de l'unité de méthanisation qui a été inaugurée en octobre dernier sur le secteur de Saint-Baraing. Florent Chapelotte, un des neuf agriculteurs associés, a répondu à toutes les questions posées sur la réalisation de ce projet collectif. Jérôme Lamonica, chargé du projet énergie environnement à la chambre d'agriculture, a présenté le point info énergie et la manière dont la chambre avait accompagné cette réalisation. Et François Lavrut, président de séance, a insisté sur « les moyens humains mis par la chambre pour accompagner les agriculteurs dans leurs réflexions, dans leurs projets... ».
Des « collectivités prudentes »
Cette présentation faite, on pouvait passer à la présentation du budget initial 2020 et des tarifs 2020, également à l'ordre du jour de cette session. Un budget dont on retiendra les grandes lignes : une masse salariale stable avec 50,8 ETP, des recettes de prestation en baisse - les collectivités étant prudentes dan leurs projets avant les prochaines élections municipales - une baisse des loyers consécutive au départ d'Eva Jura sur le site de Hauteroche, des recettes de conventions en hausse et optimisées... Un budget qui se solde par un déficit de 150 OOO euros. Le programme d'investissements comprend la rénovation de l'accueil et des locaux des services de la forêt, d'autres investissements à plus long terme, le tout sans emprunt.
Pour 2020, certains tarifs sont en réflexion (agrilean, audits, pack 5 ans, étude de faisabilité...) alors que le tarif général est en augmentation de 1,3% et les prestations pour les collectivités de 0,3%. Des réductions seront accordées dans des cas particuliers.
Ils ont dit...
Pour Jacqueline Ferrari, la conseillère régionale, a rappelé les « 10 à 15 millions » attribués par la Région, sur des dossiers de bâtiments agricoles, bâtiments de stockage, de stockage de l'eau,« mais pas les retenues colinaires qui ne respectent pas les enjeux environnementales... »... Rémy Guillot, le président du Groupement de défense sanitaire alerte sur les problèmes que peuvent créer le mélange des effluents provenant de différentes exploitations. Pour lui, seules des analyses régulières et bien faites permettent d'éviter la multiplication des pathogènes dans un digestat qui est ensuite épandu. Pour Gilles Duquet, le président de Soelis, la session est un moment où « chacun fait sa pub ! ». Et d'en profiter pour parler de Soelis emploi partagé, le nouveau nom des services de remplacement et de Desfi... Le préfet Vignon en profite à son tour pour proposer son aide sur des dossiers de réfugiés qui ont obtenu le droit d'asile et qui sont en recherche d'emploi. Jacques Louis, représentant des propriétaires forestiers privés, parle des crises sanitaires liées au changement climatique, qui affectent principalement les résineux, alors que les feuillus marquent le coup. En Franche-Comté, ce sont 300 000 m3 de bois qui arrivent sur le marché. Des difficiles à vendre, même à bas prix... Et, au stade de la replantation, les forestiers s'interrogent sur la pertinence de replanter de l'épicéa en dessous de 800 à 1000 mètres d'altitude !... Les agriculteurs sont aussi responsables de la pollution et du réchauffement climatique. Présent pour la première fois en session de chambre, Alban Estor, le président du groupement des agrobios de Franche-Comté profite de la tribune et regrette que la chambre ne fasse pas son mea culpa sur ce sujet... bientôt soutenu par les représentants de la Confédération paysanne. Le président Lavrut lui rappelle quelques fondamentaux sur le rôle de la chambre, soutenu plus tard par le préfet qui « préfère regarder le verre à moitié plein », en invitant « chacun à relever ensemble des défis communs plutôt que de s'opposer les uns aux autres... » Les sujets de viticulture sont l'apanage de Nicolas Caire, le président de la société de viticulture. En matière de prospection de la flavescence dorée, il souligne la « cohésion des vignerons » mais s'interroge sur le risque de « lassitude ». Sur l'actualité des appellations, et en particulier celle du vin de paille, il a bien l'intention de défendre le droit des Jurassiens jusqu'au niveau de l'Europe. Il s'inquiète également d'autres attaques dont pourrait faire l'objet le vin jaune. Et de citer « Bulles de vin jaune » et « sirop de vin jaune », appellations qui ont déjà été déposées à l'INPI. Nicolas Saive, le président de Jeunes Agriculteurs, juge « inadmissibles » les 12 déchéances de DJA prononcées en 2018 pour des installations remontant à dix ans. Et de s'interroger sur « le soutien de l'administration jurassienne... » à une période où le renouvellement des générations est fondamental, sur l'utilisation future des aides à l'installation que pourraient générer ces déchéances de DJA. Inadmissibles également les attaques dont est victime la profession – « On attend toujours des actes, des sanctions » -, inadmissibles les différences de qualité de produits dans le cadre des accords sur le Ceta... Christophe Buchet, le président de la FDSEA du Jura, force le trait sur le sujet des déchéances de DJA. « Des solutions sont trouvées dans d'autres départements. Il nous fauit tout mettre en oeuvre pour trouver des solutions... ». Sur le sujet de l'intrusion dans l'abattoir d'Equevillon, il se dit « estomaqué » que des poursuites ne soient pas engagées contre des gens qui pénètrent dans un abattoir ou sur une exploitation. Il montre du doigt le rôle de l'Etat sur d'autres dossiers : le montant demandé des transactions pénales pour des infractions à l'environnement, l'absence de retour sur les exploitations de la loi Egalim... Et d'en appeler aun « bon sens paysan » des services de l'Etat ! Plus que d'agribashing, c'est de bashing en général dont parle le préfet Richard Vignon... « Ce phénomène qui se développe dans un monde complexe où des minorités agissantes se permettent de jeter en pâture une profession, une activité... un monde de spécialistes de tous poils... qui ont droit à l'audience... et qui blessent ! ». Il développe la dimension sociologique du phénomène, soulignant que « le pacte social et républicain est contrarié par l'intérêt individuel... » et que « l'intérêt général est en train de s'effriter... Nous sommes tous responsables de ces situations de bashing des générations et autres. Mais que devons-nous faire pour arrêter l'inéluctable ? Ca prend du temps et ça nous fait mal. Mais le rôle de l'Etat est d'être à vos côtés...».A la question de la signature du Mercosur, sa réponse est explicite. Il se réfère au minsitre de l'Agriculture : « Le projet d'accord ne sera jamais ratifié ! Je n'ai pas d'autre réponse à vous donner ! »