AIDES DU CONSEIL REGIONAL
La vice-présidente en zone défavorisée
C'est donc chez Jean-Louis et Antoine Baudard que s'est rendue la délégation d'une dizaine de personnes enmenée par le président de la chambre départementale, Dominique Chalumeaux, et Christophe Buchet, président de la FDSEA du Jura.
Sophie Fonquernie a tout d'abord rappelé le travail conduit en partenariat avec les organisations agricoles et les coopératives pour réaliser les audits des principales filières de production de Bourgogne Franche-Comté (lait, viande bovine, grandes cultures et vigne) et définir un projet régional de développement agricole. « Ce projet a d'ailleurs été voté à l'unanimité » a tenu à préciser la vice-présidente. Il pointe notamment du doigt les problèmes de répartition de la valeur ajoutée entre les différents maillons des filières et fixe des objectifs qui serviront à la fois à redéfenir les axes d'intervention de la politique du conseil régional mais également, à préparer le futur document de programmation de la Pac post 2020 ; la Région étant autorité de gestion des fonds européens pour le second pilier.
Parmi les pistes, les notions de filières courtes ont bien entendu été mises en avant par les élues régionales : « Pour les lycées, c'est clair, 50% de produits de proximité et 20% de bio avant la fin du mandat. »
S'il est bien un sujet que connait la famille Baudard, ce sont bien ces questions d'alimentation de proximité. Après avoir produit des salades, des petits pois, des oignons, des haricots, des choux et aujourd'hui des pommes de terres, les rouages de la production à la distribution n'ont pas de secrets, et encore moins l'analyse économique de chacune des étapes.
« On a des produits qui ne valent rien, martèle Antoine, 20 ou 30 centime du kilo : il est inconcevable de monter 50 kg de pommes de terre aux Rousses sans utiliser un réseau de distribution qui le fait déjà. La distribution peut représenter plus de 50% du coût final. On n'a pas le droit de faire un kilomètre de trop ». Rajoutées à cela, des réglementations de plus en plus strictes sur les emballages, le conditionnement et même, la radioactivité dans les chambres froides, le tableau peut paraître bien pessimiste. Pourtant, le jeune agriculteur a trouvé des pistes avec l'enseigne Cora située à proximité et se dit convaincu qu'en constituant un groupement, la démarche commerciale serait plus efficace pour à la fois sécuriser les volumes et mutualiser les coûts logistiques.
Un éleveur témoigne
Depuis deux ans, la Région accompagne financièrement la démarche d'audit Agrilean. Vincent Rouget, agriculteur à Falletans, s'est engagé dans cette démarche et fait part de son expérience. Cet outil repose sur la base d'une multitude de données à partir desquelles, il faut identifier les critères qui ont le plus d'impact pour améliorer l'efficience de l'exploitation. Dès lors, l'agriculteur dispose des éléments nécessaires pour faire évoluer la stratégie de son exploitation, les marges de manœuvre dont il dispose ainsi que les leviers disponibles pour faire évoluer son EBE. « J'envisageais d'arrêter la production laitière mais Agrilean m'a permis de me rendre compte que malgré le prix du lait, c'est encore cet atelier le plus rentable. J'ai donc décider de continuer. » affirme Vincent Rouget. En une demi-journée, le travail conjoint des agents de la chambre d'agriculture, de Cerfrance Alliance Comtoise et de Eva Jura permet d'identifier les postes sur lesquels il y a des marges de progrès.
Concernant plus globalement la politique agricole du conseil régional, Frédéric Perrot, le président de la FRSEA, insiste sur la nécessité d'accompagner financièrement l'investissement dans les exploitations. « Avant la fusion, la Bourgogne soutenait davantage l'investissement que la Franche-Comté. Je souhaite que la Région accompagne davantage les exploitations et elles en ont besoin ». Une demande tempérée par la vice-présidente du conseil régional. « La Franche-Comté aidait à la fois les exploitations et les filières et il est important d'aider les filières mais nous allons devoir harmoniser nos politiques puisqu'à l'avenir, il n'y aura plus qu'un document de programmation pour les fonds européens. »
Au terme de ces échanges, les participants ont pu constater les conséquences des inondations du Doubs sur les terres de l'exploitation. Pourtant, Gevry fait partie des 17 communes jurassiennes qui ne sont pas situées en zone défavorisée dans la dernière carte présentée par les services de l'Etat... Un argument qui ne manquera pas d'être repris pour tenter de réintégrer ces communes.