Suite aux attaques de loup dans deux élevages de Petite Montagne, sur les Communes d'Aromas et de Gigny, le préfet du Jura, David Philot, a organisé en urgence une réunion entre ses services, l'OFB, les services de la DDT, les Lieutenants de Louveterie et les représentants de la profession agricole.
Les présidents de la Chambres d'agriculture, François Lavrut, de la FDSEA, Christophe Buchet et de Jeunes Agriculteurs, Philippe Cornu ont pointé du doigt le risque de forte tension locale si aucune mesure n'était prise rapidement pour stopper les dégâts du loup. En effet, depuis le début du mois de juin, au moins 4 élevages ont été frappés : 2 dans le Jura avec la mort d'un bouc et de 2 bovins (un jeune mâle et une génisse) et 2 dans des communes limitrophes de l'Ain, là encore sur des bovins.
Un cadre réglementaire dérogatoire
Le loup est une espèce protégée en France depuis 1994 ainsi qu'au niveau international de par son inscription dans différentes conventions et notamment la convention de Berne. Cette disposition lui confère un statut de protection auquel il est possible de déroger mais dans un cadre précis. Le protocole technique d'intervention prévoit une gradation dans les tirs qui peuvent être autorisés en fonction de la prédation exercée. Dans le cas précis du département du Jura, le fait d'une part que le département soit considéré comme un front de colonisation et d'autre part qu'il s'agit d'attaques sur bovins permet d'éviter toutes les dispositions concernant l'effarouchement ; dispositions prévues par arrêté interministériel préalable à tout tir létal. Concernant le second point, il n'a pas vocation à minimiser l'impact de la prédation du loup sur les ovins, au contraire, mais lorsqu'il s'agit de bovins, les possibilités de protection des troupeaux, en particulier la nuit, sont encore plus difficiles.
Le rôle central des chasseurs
La procédure prévoit différentes étapes d'interventions graduées :
- Des tirs de défense simple en cas d'attaque d'un troupeau ayant subi une attaque, l'agriculteur titulaire d'un permis de chasser valide peut intervenir directement pour défendre son troupeau par un tir létal sur le loup de jour comme de nuit. Toutefois, s’il ne dispose pas d'un permis de chasser ou de sa validation, il peut déléguer cette intervention à une personne répondant aux exigences de l'Arrêté interministériel.
- Des tirs de défense renforcés mobilisant plusieurs tireurs autour du même troupeau.
- Des tirs de prélèvement lorsque les attaques sont récurrentes. Ces tirs doivent être effectués à l'aide d'armes rayées d'un calibre de 7mm minimum. Les dispositifs de vision nocturne et lunette thermique sont réservés aux louvetiers.
Dans le Jura, monsieur le préfet insiste sur l'importance de la réactivité des différents acteurs pour pouvoir intervenir au plus vite : réactivité des agriculteurs pour prévenir l'OFB, réactivité de l'OFB pour établir les constats de terrain et transmettre à la DDT et à la Préfecture les éléments permettant au préfet de prendre un arrêté de tir. Le loup revient régulièrement une fois là où il a déjà attaqué. Tout doit donc être organisé en tenant compte de cela.
Pour être efficace, il a été proposé aux associations communales de chasse agrées (Acca) de désigner à la préfecture des tireurs volontaires en règle qui souhaiteraient participer à ces actions de protection des troupeaux et en cas d'attaque, de prélèvement du loup. Des contacts sont en cours avec le Président de la fédération départementale des Chasseurs, Christian Lagalice.
Enfin, le Président des Louvetiers, Stéphane Vojinovitch est revenu sur l'importance des équipements, en particulier des équipements de tir et de vision nocturne, et de leur coût pour des bénévoles qui assurent une mission de service public sous l'autorité du préfet.
Des échanges vont avoir lieux avec le conseil départemental pour permettre aux louvetiers d'être efficace en disposant d'équipements performants.