Fédération de chasse 39
« Nous protégeons la nature depuis des millénaires »

De nombreux chasseurs ont assisté à l’assemblée générale de la Fédération jurassienne samedi 2 avril à Juraparc. En plus des actions cynégétiques, ils souhaitent poursuivre leurs travaux en faveur de l’environnement et comptent, sous le feu de multiples critiques, répondre aux attaques contre leur passion.

« Nous protégeons la nature depuis des millénaires »

Part importante du budget de la Fédération de chasse du Jura, les montants des dégâts de gibier sont en baisse, passant de 698 680 € en 2020 à 563 943 € . « La population de sangliers a diminué dans certains secteurs, grâce aux efforts des chasseurs et aux conditions météo, » explique le trésorier Jean-Marie Prely ». En ce début d’année 2022, les déclarations de dégâts semblent repartir à la hausse. La Fédération de chasse du Jura en reçoit au moins une par jour.

Pour la saison prochaine, la somme budgétisée pour y faire face correspondra à la moyenne des montants versés les trois dernières années, soit 731 999€. « La guerre en Ukraine et la flambée des prix des céréales risquent d'avoir des conséquences coûteuses pour la chasse, » prévient le trésorier.

Le budget 2022-2023 est établi à hauteur de 2,91 millions et reste dopé par le chapitre éco-contribution. La loi chasse de juillet 2019 a mis en place ce dispositif pour mener des actions en faveur de la biodiversité : « Quand le monde de la chasse investi 5€, l’État via l’OFB en ajoute 10. Les fonds engagés pour cette année s’élevaient à 167 512 € de recettes ».

« La situation de la Fédération de chasse est de plus en plus belle, » a précisé le commissaire aux comptes Michel Di Martino. « Si vous étiez cotés à la Banque de France, vous auriez la cote excellence. »

Redorer l’image de la chasse

Pour mener à bien ses missions, la fédération de chasse du Jura emploie 31 personnes et plusieurs services civiques. En ce début d’année, l’organisation va évoluer afin notamment de développer des projets cynégétiques ou environnementaux et de travailler à redorer l'image de la chasse.

Membres du bureau de la Fédération et élus locaux ont défendu la chasse à tour de rôle

« Notre activité est sans arrêt remise en cause, » réagit Jean-François Sirven, l’administrateur chargé de la communication. « Nous devons montrer que nous ne sommes pas que des porteurs de fusils ! Nous sommes présents, actifs et innovants ». Pour répondre aux sujets de société, la Fédération de chasse poursuit le développement et l’animation de son nouveau site internet, plus clair et facile d'utilisation. Les chasseurs renforcent aussi leur présence sur les réseaux sociaux. Le nombre de messages postés y est en nette augmentation pour répliquer à des commentaires pas toujours agréables et influencer le débat. Plusieurs réflexions sont en cours pour sensibiliser le grand public et les scolaires : portes ouvertes, rendez-vous culinaires, concours, etc.

« Nous avons aussi travaillé à une alliance rurale avec les agriculteurs, les pêcheurs, les forestiers et les entrepreneurs pour nous mobiliser ensemble contre les attaques des ayatollahs de l'environnement. Dans une société coupée du monde rural, il est nécessaire d'être présent et de répondre. N'ayons pas honte d'être chasseurs ! » Un manifeste pour une ruralité vivante sera diffusé à l’occasion des élections législatives.

Jean-François Sirven en a profité pour relayer une opération nationale visant à regrouper cent chasseurs motivés pour répondre aux différentes consultations et actions contre la chasse. « Si vous souhaitez participer, il faut être connecté et disposer de capacités de réflexion et de bon sens ».

En faveur de la chasse et de l’environnement

Restauration du marais des souhaitures, des milieux humides à Cornod, plan de gestion des marais du ruisseau de Pillemoine, des pelouses sèches de la Combe d’Ain, préservation des boisements de Vers-sous-Sellières… Les actions techniques réalisées sont de plus en plus nombreuses et concernent des projets de réhabilitation du milieu, l’aménagement d'espaces naturels et la gestion foncière.

« Nous continuons notre politique d'acquisition foncière avec deux objectifs : poursuivre l’étude et la réhabilitation des milieux et montrer notre présence pour que certains secteurs ne nous échappent pas, » a précisé le vice-président Michel Liegeon. « Ces acquisitions nous permettent de renforcer notre rôle d’acteurs de la préservation tout en défendant l’intérêt cynégétique. »

Les chasseurs jurassiens doivent mener à bien de plus en plus de missions en faveur de l’environnement. Pour y parvenir, des partenariats sont signés avec les institutions, les collectivités et les entreprises. Un nouvel accord cadre a été passé avec l’Agence de l’eau, premier partenaire financier de la fédération, pour restaurer et animer les milieux humides et leur biodiversité jusqu’en 2024. Le Conseil départemental finance le projet d'espaces naturels sensibles et la Région soutient des actions touchant à la biodiversité.

D’autres partenariats sont mis en place avec le monde agricole pour une gestion durable des bandes enherbées, le repérage des faons par drone avant les moissons  et le suivi des prédateurs terrestres. Le syndicat du maïs semence a demandé aux chasseurs de rester mobilisés pour les tirs sur les corvidés.

La fédération de chasse a une autre prérogative : la veille sanitaire. Les chasseurs analysent les cadavres d’animaux sauvages pour surveiller la fièvre porcine africaine, la grippe aviaire et le prion des cervidés.

« Notre activité en faveur de la faune est intense, variée et nécessaire, » conclue Michel Liegeon. « Nous la menons bien grâce à nos salariés et nombreux bénévoles. Ne vous laissez pas marcher sur les pieds. On vous gave de mots : biodiversité, protection de la nature, écologie… Mais depuis des millénaires nous nous en occupons. C'est le fondement de notre activité. »

SC

« C'est l'histoire de l'humanité »
Dans son rapport moral, le président Christian Lagalice a répondu aux détracteurs de la chasse

« C'est l'histoire de l'humanité »

D'emblée, la couleur est annoncée : le rapport moral du président de la Fédération jurassienne de chasse, Christian Lagalice, a pour but d'inciter les chasseurs à voter. Un rapport moral très politique assumé.

« On peut nous critiquer mais pas abîmer la chasse sous de faux prétextes. Je ne supporte pas le mensonge comme argumentation ! Nous avons la mémoire longue et les promesses engagent ceux qui les font ». Le principal adversaire est rapidement désigné : Yannick Jadot « qui va à la chasse aux voies ».

« Les verts nous promettent des lendemains qui déchantent. Leur programme se résume en une longue liste d’interdictions et de privations. N’en déplaise à tous ceux qui mentent pour nous nuire, nous sommes agréés comme association de défense de l’environnement. Il y a une écologie qui s’agite dans les salons parisiens et une écologie qui agit, sur le terrain, dans les zones humides ». Selon lui, le ministère de l'Environnement est souvent contre les chasseurs. « C'est comme si le ministère de la Défense était anti-militariste ou celui de l'éducation nationale confié à un analphabète ».

Le président a pris la défense des chasses traditionnelles, souvent décriées : « C'est de l'art, c'est l'histoire de l'humanité. Même si le Jura n'est pas concerné, nous devons les défendre car après ce sera au tour des palombières, de la chasse à courre puis de la chasse aux chiens courants d'être interdites ».

« La nature n’appartient pas à tout le monde »

Autre sujet sur lequel la chasse est régulièrement attaquée : la sécurité. « La discussion avec les autres usagers de la nature est importante. Il y a de la place pour tous dès lors qu'on accepte la cohabitation. Mais on ment au Français quand on leur dit que la nature appartient à tout le monde. C'est faux : certains paient des impôts fonciers d'autres non. Si nous chassons sur un territoire, c'est que nous avons l'autorisation du propriétaire. » Depuis 30 ans, le nombre d'accidents a été divisé par 4 alors que le tableau de chasse a été multiplié par 10. « Rappelons aussi les 5000 collisions annuelles avec des grands animaux. Si la chasse était interdite ce nombre exploserait. »

Christian Lagalice s’offusque aussi contre l’interdiction du plomb à moins de 100 mètres d'une zone humide : « C'est le début d'une interdiction des grenailles à plomb mais il faut du temps pour adapter les armes et une étude norvégienne a montré que les munitions de substitution polluent encore plus. » Selon lui, le plomb a ses avantages : il garantit la balistique la moins dangereuse et, grâce à son pouvoir létal supérieur, fait moins souffrir l'animal.

Dernier point évoqué : les dégâts de gibier. « Quand la loi a été votée, le plan de chasse national était de 10 000 sangliers. Aujourd'hui il est presque d'un million dont 7000 pour le Jura. Le poids des dégâts est énorme, l'équation va être insoluble pour certaines fédérations. Aux États-Unis les sangliers font 1,5 milliard de dollars de dégâts, ils sont obligés de les tirer depuis un hélicoptère avec des mitraillettes. »

Ils ont dit :

Jean-Marie Sermier, représenté par Justine Justine Gruet, adjointe au maire de Dole : « Comme les pêcheurs, les forestiers, et les agriculteurs, les chasseurs sont les premiers amis de la nature  et des interlocuteurs reconnus. Ce sont eux qui connaissent le mieux le terrain en allant ou personne ne va. »

Roland Brunet, président de la Fédération de pêche du Jura : « Nous sommes complémentaires : les chasseurs gèrent les zones humides et les pêcheurs les milieux aquatiques. A côté du monde agricole, nous devons être unis et forts pour faire front aux différentes attaques contre nos images. Nous devons accepter le partage du territoire avec les autres usagers mais pour cela il faut identifier un interlocuteur ».

François Lavrut, président de la chambre d'agriculture du Jura : « Nous avons plus de sujets qui nous rapprochent que de sujets qui nous éloignent. Nous nous disputons sur les dégâts à payer mais le sanitaire est aussi un point sensible : si la peste porcine remonte dans le Jura, nous n'aurons plus un sanglier, ni un élevage de porcs. La grippe aviaire peut aussi remettre en cause l'équilibre. »

Franck David, vice-président du Conseil départemental : « Vous faites partie des associations environnementales que nous soutenons. Les espaces naturels sensibles peuvent coexister avec la chasse, vous saurez trouver les solutions pour que les usages soient partagés. »

Stéphane Woynaroski, conseiller régional en charge de la diversité et de l'eau : « Il y a nécessité d'agir, de confronter nos idées et d'avoir des débats sur le réchauffement climatique et l'effondrement de la biodiversité. Nous devons travailler ensemble, discuter et nous respecter, même si nous ne sommes pas d'accord sur tout. »

Sylvie Vermeillet, sénatrice : « Vous avez de quoi être fiers de toutes les actions que vous avez conduites. Sans vous, nous ne saurions pas comment réguler le gibier. Je ne comprends pas que vous soyez agresser. »

Marie-Christine Dalloz, député : « Il faut appeler toutes les bonnes volontés à travailler ensemble et sortir des dogmes et de la radicalité. Je salue votre opération « j'aime la nature » et votre engagement pour réhabiliter les espaces naturels sensibles. »

Daniele Brulebois, député : « La chasse est un droit acquis de haute lutte à la révolution et nous entendons la conserver. Durable et populaire, ces deux mots correspondent à la chasse jurassienne. Quand certains ne connaissent la nature que derrière leurs écrans, vous la pratiquez bottes aux pieds. Vous êtes indispensables. »