Communauté de communes / Quels sont les projets portés par les intercommunalités dans le Jura ? Premier exemple avec la communauté de communes Bresse Haute-Seille. Son président, Jean-Louis Maître, répond à nos questions.
JAR : La communauté de communes de Bresse Haute-Seille mise sur ses paysages et un tourisme raisonné, un projet de Grand site est d’ailleurs à l’étude. Quel est son objectif ?
Le projet de Grand site concerne 11 communes sur les 54 que compte la communauté de communes, et Baume-les-Messieurs. Ce label national permet de se pencher sur la problématique de préservation et de la mise en valeur du patrimoine naturel, les paysages, l’environnement, et de regarder comment allier développement touristique de qualité et cadre de vie des habitants. Cette reconnaissance ouvre également droit à des financements.
Parmi les actions que nous pourrions poursuivre ou mettre en place pour accéder à ce label : continuer la mise en valeur de nos parcours de randonnées, qui sont un peu l’ADN de notre territoire, lutter contre l’enfrichement des fonds de vallée, ce que nous faisons déjà en partie dans le cadre de Natura 2000, trouver des solutions de mobilité et de déplacement entre les villages, gérer le stationnement, mettre en valeur les belvédères, ...
Nous sommes aujourd’hui en phase de démarrage, nous espérerons obtenir le label d’ici deux ans.
Mais notre objectif est que le développement touristique s’opère sur l’ensemble du territoire Bresse Haute Seille. Que l’on associe la nature à la viticulture et à nos produits régionaux, à nos AOC, à la gastronomie…
Votre territoire se caractérise par un urbanisme et un habitat dispersé. Quel est le rôle de l’intercommunalité dans ce contexte ?
L’avantage de notre communauté de communes très rurale est de ne pas avoir de prédominance d’un site sur un autre, tout en bénéficiant de l’attractivité de Bletterans, une ville d’environ 1 500 habitants qui arrive à avoir un dynamisme commercial comme nulle part ailleurs en France.
Une dizaine de communes ont entre 800 et 1 400 habitants et une vingtaine moins de 200 habitants, avec beaucoup de petits hameaux ce qui implique une attention permanente à la complémentarité des uns par rapports aux autres. Il est important de veiller à maintenir les liens entre ces hameaux et les bourgs centres et aussi entre les villages pour qu’ils soient confortés et continuent à exister avec des services, afin que de nouveaux habitants s’y installent. Une autre problématique apparait avec les villages qui n’ont pas de PLU et dépendent directement du règlement national d’urbanisme, ce qui risque de gêner leur développement.
Quelle est votre politique par rapport à l’utilisation du foncier, le soutien à l’agriculture et l’alimentation de proximité ?
Nous ne jouerons jamais avec le foncier agricole ! Notre souci a toujours été de préserver les terres de bonne qualité, tout en préservant la constructibilité dans les villages. Nous voulons renforcer les bourgs centres mais nous ne voulons pas empêcher la possibilité de construire dans tous les villages. Il faut rappeler que l’urbanisme est du domaine de compétences des communes. La communauté de communes peut avoir une vision sur le développement économique. Elle a par exemple défini les emplacements et la taille des zones d’activités lors de l’écriture du SCOT ou encore soutenu des installations en maraîchage, par la recherche de financements et l’accompagnement des projets en lien avec la chambre d’agriculture, dans le cadre du plan d‘alimentation territoriale lédonien. Nous avons également travaillé avec la filière piscicole en Bresse pour créer une association qui relance la production en étudiant toutes les problématiques, les hectares disponibles, les outils de transformation, la commercialisation… La communauté de communes a créé un livret mettant en valeur les producteurs locaux pour mieux les faire connaître aux habitants et aux touristes.
Nous réfléchissons aussi à la mise en place d’espaces tests agricoles, sorte de pépinières d’entreprises agricoles. La transmission des exploitations est un vrai sujet d’actualité, qui sera de plus en plus prégnant.
L’intercommunalité a-t-elle pris position sur la production d’énergie durable ?
L’énergie verte est une question qui nous interpelle, notamment le mix énergétique : éolien, photovoltaïque, biomasse, bois énergie, avec les avantages et les inconvénients de chacun.
Un certain nombre d’élus, souvent prospectés par des sociétés pour des installations d’éoliennes, souhaiterait que la communauté de communes se positionne pour définir globalement ce qu’il est possible de faire sur nos territoires. Il est évident que nous n’utiliserons pas de foncier agricole pour ces projets. C’est un sujet que nous aborderons en 2021, notamment dans le cadre d’un Plan paysage que nous voulons lancer sur la communauté de communes. Il s’agit d’un outil qui nous aidera à mieux prendre en compte les paysages dans nos futurs projets, pour répondre aux aspirations des habitants et des acteurs du territoire.
Isabelle Renaut