Valérie Closset, nouvelle présidente de la SVJ

Vins du Jura / Valérie Closset, vigneronne bio à Gévingey, remplace Nicolas Caire à la présidence de la Société de viticulture jurassienne. La lutte contre le dérèglement climatique et les conséquences de la crise sanitaire feront partie de ses priorités.

Valérie Closset, nouvelle présidente de la SVJ

Quelques jours après la démission de Nicolas Caire, le conseil d’administration de la société de viticulture du Jura a élu Valérie Closset à sa présidence par douze voix pour et une abstention. Elle était la seule candidate. « Mon mandat de présidente de l’organisme de défense et de gestion de l’AOC Côte du Jura arrivait à son terme, » explique-t-elle. « Forte de cette expérience, j’ai choisi de me présenter à la tête de la SVJ car je pense qu’il est important de se mettre au service de tous. Je remercie tous les professionnels qui ont voté pour moi. C’est une fédération, chaque vigneron a son mot à dire. Notre mission est de défendre les intérêts collectifs et individuels. Les décisions doivent se prendre collectivement au sein du conseil d’administration. La concertation me tient à cœur, mais je n’ai pas peur de la contradiction. Je ne reviendrai pas sur le passé, ce qui a été fait ou non. L’avenir est devant nous. »

Originaire de Belgique, elle a toujours travaillé en France. Ingénieure en agronomie et science du sol, elle a été pendant huit ans conseillère viticole pour la chambre d’Agriculture de la Loire. « C’est très bien de conseiller, mais avec mon mari, nous avions aussi envie de faire, » raconte-t-elle. « Durant ces années, nous avons eu le temps de monter notre projet. Nous voulions une structure familiale, en biodynamie par convictions personnelles ». C’est chose faite en 2008 lorsque le couple rachète un domaine de cinq hectares à Gévingey. « Nous avons choisi le Jura car nous avons eu un coup de foudre pour la région et pour ses vins. Il nous a fallu apprivoiser ses cépages et sa météo. »

Lutter contre le dérèglement climatique

Valérie Closset souhaite consacrer son mandat à simplifier la vie des viticulteurs pour qu’ils puissent se recentrer sur leur métier, notamment en augmentant les conseils techniques et administratifs diffusés par la SVJ. Selon elle, la baisse de rendement observée ces dernières années n’est pas due à un manque d’entretien des vignerons mais au climat, avec les sécheresses à répétition et les fortes périodes de gel récurrentes. « La lutte contre le réchauffement climatique sera le premier défi de la SVJ. L’université de climatologie de Bourgogne Franche-Comté prévoit des épisodes caniculaires de plus en plus longs, ors le raisin supporte mal la chaleur au-dessus de 30° C. Le climat change plus vite que nous, quand on plante des vignes, c’est normalement pour trente, cinquante, voire soixante-dix ans. Nous devons donc agir à court, moyen et long termes. »

À court terme, les vignerons doivent trouver des moyens techniques pour lutter contre l’échaudage du raisin, lorsque la peau des fruits sèche au soleil. À moyen terme, la nouvelle présidente souhaite trouver des porte-greffes plus adaptés aux nouveaux aléas climatiques : ils devront supporter le calcaire, mieux résister à la sécheresse et être plus vigoureux pour repartir en cas de gel. Un pied de vigne produit les premiers raisins autour de sa troisième année et atteint sa maturité à l’âge de sept ans. Il faudra donc plusieurs années avant que les premiers résultats ne tombent.

À plus long terme, Valérie Closset envisage aussi tester des nouveaux cépages ou des cépages anciens. « Cela nécessitera un suivi analytique sur au moins dix ans et un travail commun entre viticulteurs, interprofession et l’Inao. Il faudra aussi que ce soit validé par un vote de l’assemblée générale. »

Des vignerons impactés par la crise sanitaire

Les conséquences de la crise sanitaire seront le second défi que la nouvelle présidente devra relever. « La succession de fermetures et réouvertures en fonction des couvre-feux et des confinements, ainsi que l’arrêt des restaurants, ont été très contraignantes pour les viticulteurs et le commerce. Tous les vignerons ont été impactés, qu’ils soient apporteurs de raisin, en agriculture conventionnelle ou en biologique, » souligne-t-elle. La nouvelle présidente de la SVJ pointe une étude de France Agrimer : « la consommation de vins pendant cette période est un peu descendue en gamme et les enjeux de respect de l’environnement sont de plus en plus pris en compte par les clients. Il nous faut donc de la vendange à un coût de production moindre, tout en faisant au mieux environnementalement. »

Pour aider les vignerons à tendre vers ces objectifs, la société de viticulture jurassienne peut apporter son expertise. « Il n’y a pas de recette fixe pour faire de la vigne, chaque millésime est différent, c’est ce qui fait la magie de la viticulture. Certaines années par exemple, deux travaux au sol suffiront, d’autres non. La SVJ doit être un lieu d’échange et de partage d’expériences. »

SC