Elections législatives
Les propositions des candidats pour l’agriculture

La FDSEA du Jura et Jeunes Agriculteurs Jura ont invité les 7 et 8 juin les candidats aux législatives des trois circonscriptions du Jura à venir présenter leur programme agricole. De nombreux sujets, souvent transversaux, ont été abordés : revenu des agriculteurs, création de valeur ajoutée, souveraineté alimentaire, renouvellement des générations, environnement, gestion de l’eau, etc. Les préoccupations des agriculteurs sont nombreuses et les candidats qui seront élus représenteront nos territoires à l’Assemblée nationale. D’où l’importance de connaître leurs projets avant de faire son choix lors des élections du 12 et 19 juin.

Les élus reçus au Gaec de la Forêt de Chaux à Santans
Les élus reçus au Gaec de la Forêt de Chaux à Santans, sur la 3eme circonscription

1ere circonscription : Quatre projets différents pour le monde agricole

Sur la première circonscription du Jura, quatre candidats ont répondu à l’invitation de la FDSEA et étaient présents ce 7 juin chez Alfred Guichard, Philippe et Michel Thibert au Gaec des Lauriers à Larnaud, une exploitation typique du secteur en polyculture-élevage, récemment passée en AOP Comté. Chacun a pu exposer son point de vue sur les préoccupations du monde agricole. 

Revenu des agriculteurs et création de valeur ajoutée

« Nous ne sommes pas dans une écologie punitive. » Anthony Brondel, candidat de la Nupes, souhaite accompagner les agriculteurs qui s’inscrivent dans la transition écologique en supprimant leurs dettes. Selon lui, la PAC « qui donne beaucoup plus aux gros qu’aux petits » doit être réformée : les aides à l’hectare doivent être supprimées et l’environnement mieux pris en compte. La Nupes souhaite aussi rompre avec les politiques de libre-échange en imposant des taxes kilométriques et d’entrée. Concernant Egalim, l’alliance de gauche encadrera les marges des GMS.

Pour Danièle Brulebois, députée sortante LREM, le modèle de l’AOP Comté doit être protégé : « Il a souvent été cité en exemple lors de la rédaction de la loi Egalim. Même si cette dernière ne donne pas encore pleinement satisfaction, il faut persévérer ». La candidate rappelle la mise en place du plan de relance pour soutenir l’investissement et les PAT, celle du plan de résilience pour limiter les hausses de charges et du plan engrais pour s’affranchir des importations russes et biélorusses. Elle souhaite aussi développer le photovoltaïque agricole. « Comme je le fais depuis 5 ans, je continuerai de faire remonter vos difficultés au plus haut niveau, » conclut-t-elle.

Pour Benjamin Marraud des Grottes, qui se présente pour Les Républicains, il faut « débureaucratiser » le travail pour lutter contre la baisse de productivité car les agriculteurs subissent une multiplication de normes inutiles. Le candidat LR s’inquiète aussi d’une tendance pour la décroissance et compte ramener la balance commerciale agricole à l’équilibre. Pour lui, des clauses miroirs auraient dû être intégrées lors de la signature des traités TAFTA et CETA. Concernant Egalim, il regrette que les producteurs soient désorganisés face aux quatre acheteurs français : « Vous devez prendre exemple sur la filière comté afin de proposer des offres collectives ».

« L'agriculture jurassienne est de qualité contrairement à l'agriculture intensive, » estime le candidat Reconquête Thierry Perret. « Elle doit donc jouer les cartes du terroir et de la ruralité ». Le candidat reconquête préconise de donner une valeur marchande aux déchets agricoles utilisés dans les méthaniseurs ou transformés en bioethanol et d’utiliser les toits des exploitations pour autoproduire de l’électricité photovoltaïque, « sans obligation de revente sur le réseau ».

Installation et renouvellement des générations :

La Nupes propose de tripler le budget de la DJA en s’appuyant sur les PAT pour « mieux » gérer le foncier agricole. « Cela suppose de lutter contre l’artificialisation des sols et contre l’accaparement des terres pour spéculer ».

La députée LREM revient sur les actions menées par l’État depuis 2018 :  augmentation de 65 % de la DJA, exonération d’impôts pour les successions sous les 500 000 € et inclusion des reprises d’exploitation dans l’amortissement.

Le candidat LR mise sur le collectif en travaillant sur la transmission des parts de Gaec plutôt que sur l’installation en individuel.

Emploi agricole et viticole :

Anthony Brondel estime que le programme de la Nupes créera 300 000 emplois agricoles. Les salaires doivent être augmentés et les conditions de travail améliorées. La ruralité doit rester attractive et les services publics présents. La Nupes compte revoir la dotation globale de fonctionnement par habitant, actuellement deux fois moins élevée qu’en ville.

Pour Danièle Brulebois, le travail doit mieux payer : « Pour cela, nous avons mis en place la prime d’activité. Nous avons aussi développé l’apprentissage et comptons aller plus loin pour accompagner ceux qui en prennent ». Parallèlement, les métiers agricoles doivent être mieux valorisés pour susciter des vocations.

Les Républicains souhaitent remettre en place la défiscalisation des heures supplémentaires « pour que le travail paye plus que les prestations sociales ». Benjamin Marraud des Grottes souhaite aussi revenir sur les interdits du travail des plus jeunes, notamment en matière de sécurité, « pour qu’ils puissent travailler comme des agriculteurs ».

Quant à Thierry Perret, il reconnaît « partager à 99 % » le programme LR.

Préservation de l’environnement et évolution climatique :

Anthony Brondel souhaite que 30 % de la SAU soient bio d’ici 2030 et 100 % à l’horizon 2050 car « les pesticides de synthèse sont un enjeu majeur pour la santé des consommateurs mais aussi des agriculteurs ». Cette transition sera accompagnée par l’État. Pour lutter contre le réchauffement climatique, la souveraineté alimentaire est essentielle car 50 % des fruits et légumes sont importés. Il compte développer les circuits-courts : « On augmentera aussi les salaires pour que les gens puissent consommer local ».

Danièle Brulebois rappelle que la majorité présidentielle était aux côtés des agriculteurs lors des événements climatiques impactant les récoltes : « Lors du gel de 2021, nous avons mis en place les calamités agricoles pour la viticulture et en 2023 il y aura un nouveau régime d'assurance. » Elle précise aussi que le plan Ecophyto sera transformé en un outil de planification et d’investissement ciblé sur la réduction des produits phytopharmaceutiques.

Pour Benjamin Marraud des Grottes, « les agriculteurs sont déjà les meilleurs écolos de France » en pratiquant une agriculture raisonnée. Il regrette que l’administration soit « trop dans la répression et pas assez dans l’accompagnement ». Lui ne croit pas au bio pour nourrir la planète : « Il représente 12,5 % du marché et il y a plus d’offres que de demandes, les prix dégringolent ». Il préfère miser sur les circuits courts, « bons pour l’environnement et source de revenu ».

Ingénieur de formation, Thierry Perret a une vision technique de l’écologie. Il est responsable des dossiers transport, environnement et écologie au niveau national pour Reconquête et mise sur la science et la technique : « Il existe des solutions pour s'affranchir des énergies fossiles en 10 ans : le nucléaire et la biomasse ». La transformation en bioéthanol des déchets verts permettrait non seulement de capter du CO2 en produisant une énergie propre mais aussi de générer un revenu supplémentaire. « C’est simple, il suffit de photosynthèse, de fermentation puis d’une distillation. On pourrait transformer les raffineries en distilleries ».

Stockage de l’eau :

Pour Anthony Brondel, les bassines sont problématiques « car l’eau ne s’infiltre pas dans le sol et fini par s’évaporer ». Il préconise de réfléchir aux usages de la ressource et à son gaspillage par l’ensemble de la société. Les agriculteurs doivent produire autrement, « ce qu’ils savent faire » et pour cela être accompagné par l’État.

Les trois autres candidats sont favorables au stockage de l’eau. Danièle Brulebois est pour la récupération des eaux de pluie et de ruissellement et prône la concertation avec les agriculteurs pour trouver les meilleures solutions : « Nous soutiendrons les plans d'adaptation à la sécheresse ». Elle envisage aussi de lancer une campagne de prospection pour découvrir de nouvelles nappes.

 Benjamin Marraud des Grottes souhaite qu’un projet d’infrastructures soit mené et qu’en parallèle se développent les techniques d’économie d’eau. La réparation des fuites dans les canalisations est aussi primordiale car 20% de l’eau est perdu.

Thierry Perret veut créer des retenues en régulant le cours des rivières. Il cite l’exemple du barrage de Vouglans qui permet de stocker 6 millions de m³ : « En 50 ans, la nature s’est adaptée. Aujourd’hui le lac permet de produire de l’énergie, d’y puiser de l’eau et de lutter contre les incendies ».

1ère circonscription - de gauche à droite : Anthony Brondel (La France Insoumise – Nupes), Thier-ry Perret (Reconquête !), Benjamin Marraud des Grottes (Les Républicains) et Danielle Brulebois (Ensemble ! Majorité présidentielle)

Les autres candidats de la 1ère circonscription

Absents : Thomas BOUHALI (Rassemblement National) et Johanne MOREL (Divers extrême gauche)

2ème circonscription : deux visions de l’agriculture se présentent aux électeurs

Sur la 2ème circonscription, seulement 2 candidates aux législatives ont pris le temps de venir présenter leur programme agricole sur le GAEC des Janiers à Prénovel. Les agriculteurs présents ont pu entendre deux visions de l’agriculture avec le choix de la continuité défendu par Delphine Gallois-Jobez (Majorité présidentielle) et le choix de la rupture porté par Evelyne Ternant (Nupes).

C’est avec deux approches bien différentes que les deux candidates aux législatives se sont présentées aux agriculteurs du Grandvaux le 7 juin dernier. D’un côté, la candidate soutenue par la majorité présidentielle, Delphine Gallois-Jobez bien implantée dans l’espace public aux Rousses, se veut être la porte-parole des problématiques des acteurs du territoire et des élus locaux qu’elle rencontrera sur la circonscription comme elle affirme le faire actuellement dans ses mandats d’élu local aux Rousses.  De son côté, Evelyne Ternant, fraîchement arrivée dans le Jura en provenance du Doubs, porte les espoirs de la nouvelle union populaire écologique et sociale pour mettre le protectionnisme et l’interventionnisme de l’Etat au centre de l’économie.

Favoriser le revenu des agriculteurs, la création de valeur ajoutée sur le territoire

Si les deux candidates saluent l’organisation de la filière comté qui permet une juste rémunération du travail des agriculteurs selon elles, Delphine Gallois-Jobez met en avant les lois Egalim 1 et 2 pour sécuriser les prix agricoles tout au long de la chaîne et propose d’accentuer les contrôles pour faire respecter la loi. Puis poursuit en présentant succinctement le plan de résilience du gouvernement pour répercuter les nouvelles charges liées à l’inflation. Elle cite également les crédits carbones comme nouvelle source de revenu pour les agriculteurs. Sur la PAC, elle revendique soutenir l’héritage de Julien Denormandie et travailler dans la continuité du plan stratégique nationale en cours de finalisation car il lui semble qu’il correspond aux attentes de la profession. Pour Evelyne Ternant, les Egalim sont insuffisants pour les producteurs non-AOP. Elle veut contrôler les marges des GMS et de l’agrobusiness et affirme que c’est sur les marges des centrales d’achat qu’il faut agir. La mesure phare de son programme réside dans la mise en place d’une conférence annuelle réunissant les organisations professionnelles par filière, le gouvernement et les centrales d’achat afin de déterminer des prix par production, interdire des reventes à perte mais aussi stopper l’augmentation irraisonnable des prix de vente dans les supermarchés. Contrairement à sa concurrente, sa formation politique ne s’inscrit pas dans la continuité de la PAC qui promeut d’après elle un modèle productiviste entraînant surendettement et agrandissement des exploitations, et propose à la place des aides à l’actif et un plafonnement à 150 000 € par exploitation avec transparence GAEC.

Le renouvellement des générations

Pour Delphine Gallois-Jobez, le renouvellement des générations reste la priorité de la majorité présidentielle. Elle propose un bonus fiscal pour les cédants qui installent un jeune lors de leur transmission et souhaite mettre des moyens supplémentaires sur la formation agricole pour créer des vocations. De son côté, Evelyne Ternant porte également des propositions en promettant un doublement de la DJA qui sera attribuée selon les emplois, l’éco-conditionnalité et la durabilité. Et se donne pour objectif la création de 300 000 emplois agricoles sans véritablement préciser comment trouver un tel vivier de bras. Enfin, elle souhaite renforcer le pouvoir de préemption de la SAFER pour faciliter l’accès au foncier pour les jeunes.

Préservation de l’environnement et évolutions climatiques

Sur les questions environnementales, Delphine Gallois-Jobez propose une méthode de travail basée sur le pragmatisme plutôt qu’un positionnement tranché et encourage les agriculteurs à être force de propositions en prenant l’exemple du lac de l’Abbaye à Grande-Rivière. Elle se dit par ailleurs favorable au stockage de l’eau qui peut être répondre à des usages multiples (eau potable, réserve incendie) et veut faire confiance aux agriculteurs pour la qualité de l’eau. Elle est plutôt favorable à la mise en place d’une assurance récolte à 3 étages avec prise en charge des situations catastrophiques par le fonds national de gestion des risques avec un guichet unique pour l’indemnisation. Elle souhaite également revenir sur la règle de zéro artificialisation à l’horizon 2050 avec une prime aux bons élèves comme dans le Haut Jura. De son côté, Evelyne Ternant s’alerte de l’état écologique de certains cours d’eau comme la Loue et souhaite planifier la sortie progressive des engrais et pesticides de synthèse, et interdire les plus dangereux (glyphosate, néonicotinoïdes) avec accompagnement financier si nécessaire. Elle souhaite également lutter contre l’artificialisation des sols pour empêcher la disparition des surfaces agricoles utiles tout en appelant de ses vœux une relocalisation des activités artisanales et industrielles, sur les friches industrielles et les terrains non agricoles.

PEB

Evelyne Ternant (à gauche) et Delphine Gallois-Jobez aux côtés de Jean-Marie Hervé, secrétaire général de la FDSEA et de Philippe Cornu, président des JA du Jura

Les autres candidats de la 2eme circonscription

Excusée : Marie-Christine DALLOZ (Les Républicains)

Absents : Jérôme LINDA (Divers droite), Nathalie DESSEIGNED (Droite souverainiste), Christian MARCHET (Divers extrême gauche), Louis MARINO (Divers droite), Nicolas DE KEERSMACKER (Reconquête !), Garance HOUTHOOFD (Rassemblement National)

3eme circonscription : l’usage de l’eau, une question récurrente

À Santans, sur la 3ème circonscription, 4 candidats ont répondu présents. Dans ce secteur de plaine, difficile d’éluder la question de l’irrigation et de la qualité de l’eau… La rencontre a été animée par Éric Druot et conclue par François Lavrut.

Favoriser le revenu des agriculteurs, la création de valeur ajoutée sur le territoire

Anne-Colette Prost (Ensemble ! – majorité) : « Avec l’équipe gouvernementale, nous avons un projet important : le chèque alimentaire, qui permettra aux consommateurs d’acheter moins cher des produits agricoles locaux de qualité. Ce dispositif, qui a fait ses preuves aux États-Unis, fait partie des mesures « gagnant-gagnant » que nous voulons mettre en place (…) S’approvisionner le plus possible en circuit court, il faut que chacun s’y attèle. »

Hervé Prat (Nupes-ECO – Nouvelle union populaire écologique et sociale-Ecologistes) : « L’agriculture française et européenne est victime des accords de libres-échanges. Favoriser les revenus agricoles passe par la fixation de prix garantis et la limitation des marges des intermédiaires qui profitent du travail des agriculteurs (…) Il nous faut sortir de cette PAC libérale et aider ceux qui préservent les paysages et la qualité de vie de nos campagnes. »

Rim El Mezoughi (DVG – Divers gauche, sans étiquette) : « Je suis venue d’abord pour vous écouter. Je veux révolutionner cet empilement de lois fait en dépit du bon sens. Des lois faites par des technocrates à Paris. C’est un frein qui empêche notre pays d’avancer et que je connais bien de par mon métier d’avocate. Je veux que l’on commence par le terrain, par les professionnels. Ce sont eux les « sachants », ils sont là pour nourrir la politique (…) Les revenus en France ont été nivelés par le bas. La première réforme à mener est l’augmentation de tous les revenus. »

Gérôme Fassenet, suppléant de Gruet Justine (LR – Les Républicains) : « Quand on a le ventre plein, on ne raisonne pas comme lorsqu’on a le ventre vide… Nous avons trop pris l’habitude de faire produire ailleurs. Aujourd’hui nous devons nous mettre dans une autre configuration : notre pays ne doit pas être dépendant des autres. Au lieu de payer un satellite qui surveille les déclarations PAC des agriculteurs, pourquoi ne pas investir dans du stockage par exemple ? Acheter moins de soja à l’étranger, favoriser une économie locale, avoir les mêmes exigences pour les produits importés que pour ceux produits en France ? (…) Je suis pour le maintien d’une agriculture productive, ce qui ne veut pas dire productiviste. (…) Il faut encourager la polyculture-élevage. Pour qu’il reste de l’élevage de bovin viande, des animaux qui broutent nos prés et donnent ces magnifiques paysages, les éleveurs doivent pouvoir contractualiser avec les collectivités, avoir différents acheteurs… La loi doit se renforcer pour encourager ces initiatives locales. Il nous faut instituer des contrats sur la durée et sur des quantités pour une visibilité à long terme.  »

Le renouvellement des générations, la PAC

Anne Colette Prost : « Le gouvernement a le projet de passer de 15 000 à 30 000 installations par an : des mesures importantes vont être prises tout de suite (…) Concernant les aides PAC, des crédits intéressants existent mais les difficultés à monter les dossiers sont un frein. Mon ambition, si je suis élue, est d’avoir un service d’aide aux agriculteurs qui soit particulièrement présent au niveau régional. »

Hervé Prat : « Comme professeur, je rencontre beaucoup de jeunes sensibles à l’agriculture. Il faut les orienter vers des formations agricoles et ensuite leur donner les moyens d’accéder aux terres, en lien avec la Safer. Non issus de familles agricoles, ils peuvent avoir des projets parfois sur de petites parcelles, pour du maraîchage (…) Nous sommes pour la limitation de la concentration des exploitations ; la concentration est synonyme de perte d’emplois et de perte dignité pour les agriculteurs, de souffrance. Elle se traduit par une faim de terres à des prix exorbitants. Les soutiens versés doivent aller en priorité aux fermes moyennes. Nous voulons une agriculture à taille humaine qui maille le territoire.  »

Rim El Mezoughi : « J’ai été sensibilisée par Terre de Liens sur les difficultés rencontrées à l’installation : le manque d’informations sur les formations, le manque d’accompagnement… Il faut aussi que vous soyez acteurs de votre avenir dans ce domaine. Je sais que vous êtes aidés par vos fédérations pour trouver des solutions (…) J’entends la demande des Jeunes agriculteurs d’avoir une réponse rapide à leur question sur les aides gérées en région et le besoin d’interlocuteurs locaux. (…) Nous sommes ensevelis sous la paperasse. La simplification fait partie de mon programme. »

Gérôme Fassenet : « Nous sommes pour des exploitations familiales, mais je n’ajouterai pas individuelle car travailler seul n’est pas la situation idéale. La PAC doit pouvoir prendre en compte ces aspects sociétaires. Souvent nous retrouvons des jeunes installés sur 50 ares ou 1 ha comme bénéficiaire du RSA. J’encourage les jeunes à entrer en contact avec des agriculteurs, s’installer en association et diversifier après, selon leurs projets.

L’emploi en agriculture

Anne Colette Prost : « Il existe des aides aux entreprises, comme la prime à l’embauche. Mais il semble en agriculture que le problème ne vienne pas du niveau des salaires mais d’abord de la difficulté à trouver des salariés. Il faudrait développer les formations et motiver les jeunes (…) Je suis favorable au maintien du dispositif TDOE (Travailleurs occasionnels et demandeurs d’emploi) qui permet une exonération de charges patronales. »

Hervé Prat : « Nous défendons une augmentation des salaires et un SMIC à 1 500 euros. Augmenter le pouvoir d‘achat est aussi un moyen d’augmenter la consommation de produits dans nos régions »

Gérôme Fassenet : « La mise en place de Soelis a permis d’accéder à l’emploi agricole plus facilement. C’est une bonne chose. »

La préservation de l’environnement, l’adaptation aux évolutions climatiques

Anne Colette Prost : « Face aux problèmes de qualité de l’eau potable qui existent ici ou là dans le Jura, comment retrouver une qualité correcte par la protection des captages ? Le tout bio ne me semble pas la solution, mais plutôt avoir des analyses rigoureuses dès le départ, trouver des solutions en concertation avec tous. »

Hervé Prat : « J’ai toujours défendu l’agriculture biologique, il faut qu’elle soit davantage aidée et valorisée dans les cantines, Dole a pris un peu de retard à ce niveau… Nous sommes favorables à 30 % de bio dans l’agriculture en 2030, avec des prix garantis et une TVA à 5,5 % pour que la majorité des consommateurs puissent en bénéficier. Je suis personnellement pour la baisse de la consommation de viande en restauration collective. Je suis contre une viande importée mais pour une viande de qualité rémunératrice pour les agriculteurs (…) Je suis pour le développement d’une agriculture fourragère, autonome ; le modèle que je défendrai est celui vertueux du Jura (…) Concernant les captages, je propose des aides élargies comme à Lons. La prévention, dans ce domaine, coûte 17 fois moins cher que le curatif. Il vaut mieux subventionner les agriculteurs pour de bonnes pratiques environnementales, tout en préservant dans le même temps leur santé (…) Dans le Jura, nous avons l’impression que tout va bien (NDLR : concernant les nappes phréatiques) mais le changement climatique est là. Les eaux de surfaces sont mauvaises, même s’il est vrai que les eaux souterraines sont bonnes mais pas dans tous les secteurs du Jura (…) Je ne suis pas contre l’irrigation mais une irrigation intelligente, aller vers des pratiques qui respectent les paysans et les habitants du territoire (…) Nous voulons sortir de l’inaction climatique de M. Macron. Cette lutte est au service de tous, urbains et paysans, ce sont ces derniers qui subissent le plus le changement climatique. »

Rim El Mezoughi : « Je n’aime pas le terme écologie, je préfère parler de renouvellement de la planète. Notre région est déjà vertueuse dans son utilisation de produits phytosanitaires, nous ne pouvons pas demander toujours plus aux agriculteurs (…) La région a déjà mis en place énormément d’aides pour les agriculteurs, elle va apporter un gros coup de pouce en lançant un nouveau plan l’année prochaine. (NDLR : La candidate est conseillère régionale BFC) (…) Dans les cantines nous ne sommes qu’à 6 % de bio, la loi votée n’est pas respectée. Avant d’aller plus loin, faisons déjà en sorte de l’appliquer et de combler le défaut d’investissement dans le secteur. Je ne suis pas pour un empilement des lois. (…) Il faut aider les investissements dans les nouvelles sources d’énergie, et que l’énergie soit plus verte. »

Gérôme Fassenet : « Les problèmes d’eau je les connais bien sur le secteur où je suis élu (NDLR : président de la communauté de communes Jura Nord). Les agriculteurs ont respecté les usages et les puits de captage. Mais les normes sont de plus en plus strictes. Je pense que ce n’est pas aux agriculteurs de payer pour la qualité de l’eau. Si l’on veut étendre les zones de captage, alors la législation doit autoriser une rémunération. Nous, les agriculteurs, nous ne pouvons pas être la vache à lait pour tout le monde. Quand un urbain tire 1 litre d’eau, il s’en perd 1 litre dans les conduites d’eau. Le problème vient aussi souvent des stations d’assainissement. Il faut se concentrer sur l’essentiel : protéger la ressource et pouvoir travailler l’assainissement de nos communes, avant d’aller plus loin. »

IR

Réponses par ordre d’intervention

Les élus reçus au Gaec de la Forêt de Chaux à Santans

Les autres candidats de la 3eme circonscription

Excusés : CHAPITAUX Médéric (DVC – Divers centre), VUILLEMIN-PLANÇON Aurore (RN – Rassemblement National)

Absents : BLAISE Nathalie (REC – Reconquête), PILLOY Anne (DSV – Droite souverainiste), REVOY Dominique (DXG – Lutte ouvrière)