PORTRAIT FEMME JA MONTBELIARDE
Agricultrice passionnée, femme assumée

Seule fille parmi trois frères, Céline Rouvière a dû s’imposer petite. Depuis son installation en 2010 sur l’exploitation familiale à Espradels, commune de Lozère, l’agricultrice prouve au quotidien qu’elle peut assouvir sa passion auprès de ses montbéliardes et faire de temps en temps du shopping. Portrait d’une jeune femme qui souffle un vent de fraîcheur sur sa profession.
Agricultrice passionnée, femme assumée

Coupe de cheveux soignée, sourire chaleureux, Céline Rouvière assume sa part de féminité dans un milieu tellement masculin. À 25 ans, elle possède déjà un caractère affirmé car elle n'a ni l'intention de jouer la potiche ni de s'écraser devant les machos. «Eux, je les déteste. Depuis toujours !» avoue celle qui a grandi parmi trois frères. À la tête d'un troupeau de 80 vaches laitières à Espradels (Lozère), Céline Rouvière mène sa vie professionnelle avec réussite et ses combats pour valoriser l'image de la femme agricultrice.
Sa passion, elle la vit au quotidien en jean, baskets et veste polaire aux côtés de ses montbéliardes comme Hotmail, Hirondelle ou High-Tech... «Je suis dingue de cette race. Mon père, déjà à son époque, en élevait. Alors, c'était logique pour moi d'en avoir aussi», confie celle qui travaille sur le Gaec de l'Auradou avec sa mère et deux de ses frères qui, eux, s'occupent davantage des 300 brebis laitières.

La dureté du métier et ses horaires contraignants ne la dérangent pas. «Une femme peut faire ce métier et travailler comme les hommes, il faut juste en avoir envie», assure-telle.
Tous les matins à 6 heures et tous les soirs à 18 heures, elle fait défiler ses belles dans la salle de traite rotative. La journée, l'agricultrice s'occupe, notamment de l'alimentation des génisses et de la reproduction de son cheptel, puisque la génétique fait partie intégrante de sa passion.


Concours de beauté pour ses belles


Depuis qu'elle s'est installée sur l'exploitation familiale en 2010, après avoir passé un bac scientifique à Langogne et un BTSA productions animales à Brioude, Céline s'est lancée un défi : remporter avec ses montbéliardes des trophées. Un pari remporté haut la main, comme en attestent les distinctions accrochées sur la porte principale de la stabulation. «Je suis très fière de ces récompenses», révèle la jeune femme dont les yeux s'illuminent à l'évocation des concours de beauté. Givrée, l'une de ses préférées, a été élue Miss Lozère 2014 à Aumont-Aubrac. En 2012, une autre de ses vaches s'est illustrée au concours interrégional Les Pyrénéennes à Saint-Gaudens en recevant le premier prix. «Je prépare quatre animaux, dont Givrée, pour le concours de vaches laitières d'Aumont-Aubrac. Cela prend du temps car il faut les habituer à marcher avec le licol mais j'adore ça, explique-t-elle. Le plus souvent, je suis l'une des seules agricultrices lors de ces concours, alors, évidemment on me regarde bizarrement mais moi je me bats pour dire qu'on est comme tout le monde, voire plus fortes que les hommes.»


Briser la solitude


Ce tempérament de feu, Céline ne l'a pas toujours eu. «J'ai du caractère, mais c'est venu avec ce métier», remarque-t-elle. Cependant, tout n'est pas toujours simple. «Être une femme dans ce milieu, c'est parfois pesant. J'ai l'impression qu'on n'a pas le droit de montrer nos faiblesses. Et puis, on vit peut-être plus mal la solitude qu'un homme», avoue celle qui se confie souvent à ses deux copines des JA du canton de Châteauneuf-Langogne.
L'occasion aussi de partager avec le groupe des valeurs, de défendre le métier et une agriculture raisonnée. «Je partage leurs idées, et puis, on doit valoriser notre image auprès des gens. On est loin d'être bête, on a tous des diplômes», assure la jeune femme. L'ambiance, «toujours conviviale», leur permet de déguster de bons repas et de faire la fête ensemble. Et cette fois-ci, le jean laisse la place à la robe. «Il faut vivre avec son temps, estime-t-elle, et faire passer la femme avant l'agricultrice !»