Grippe aviaire
30 communes jurassiennes sous surveillance

Après la découverte d’un cygne mort de la grippe aviaire aux portes du Jura, les mesures de protection sont renforcées sur un rayon de 20 km incluant 30 communes du département. Cette zone de contrôle temporaire pourra être levée après 21 jours si aucun cas n’est décelé d’ici là. Concernée, la filière AOP volaille de Bresse s’adapte malgré les difficultés.

30 communes jurassiennes sous surveillance
L’influenza aviaire se propage aussi dans la faune sauvage. La découverte d’un cygne mort de cette maladie est à l’origine du renforcement des mesures de sécurité.

Un cygne sauvage a été retrouvé mort victime de l’Influenza aviaire, ce lundi 2 janvier, sur les rives du Doubs à Longepierre en Saône-et-Loire à quelques kilomètres à peine du Jura. Par mesure de précaution, une zone de contrôle temporaire (ZCT) de 20 km autour du lieu de découverte de l’oiseau infecté a été définie pour éviter la contamination des volailles domestiques ou d’élevage. Trente communes de la Bresse jurassiennes sont concernées. 

Selon la préfecture du Jura, cette La ZCT pourra être levée après un délai de 21 jours si aucun signe évocateur d’influenza aviaire n’est décelé dans les exploitations et si aucun nouveau cas n’est survenu dans la faune sauvage libre. Dans le cas contraire, elle sera maintenue jusqu’à stabilisation de la situation. A l’intérieur de cette zone, les mesures de biosécurité, comme la mise à l’abri des volailles, et les contrôles en élevage par des analyses de laboratoires sont renforcés.

Modification temporaire du cahier des charges volaille de Bresse

« C’est un coup dur pour les éleveurs sur la zone, » réagit katy Molière du Comité interprofessionnel de la volaille de Bresse (CIVB). « Nous avons eu de nombreux échanges avec les différents services de l’Etat pour trouver un consensus respectant aussi bien la réglementation, le cahier des charges de l’AOP et le bien-être de nos animaux ».

Pour se mettre en conformité avec les restrictions, le CIVB a demandé une modification temporaire du cahier des charges de l’AOP, acceptée par l’INAO et publiée le 8 janvier au journal officiel. L’obligation de placer les animaux en parcours est suspendue tant qu'une mise à l'abri des volailles est imposée et la période de démarrage des poussins en bâtiment est allongée à 70 jours au lieu de 35 avec une densité maximale divisée par deux à partir de 35 jours (12 animaux par m2). Les volailles adultes n’ayant plus accès au parcours herbeux pour se nourrir, la complémentation en protéines est doublée et prolongée. Elle passe à 1kg par animal maximum (au lieu de 500 g) jusqu’au 98e jour d’élevage (contre 84). La durée minimale de la période de croissance est aussi réduite.

Un compromis difficile à trouver car les volailles de Bresse ont une incapacité physiologique inhérente à la race à être confinées : extrêmement vivaces, elles peuvent alors devenir agressives et s’attaquer entre elles. « Lorsque c’est le cas dans un élevage, un vétérinaire intervient pour prouver que les animaux ne peuvent plus rester enfermés, » explique le CIVB. « L’éleveur peut alors faire une demande d’autorisation exceptionnelle d’ouverture. Depuis des siècles, la volaille de Bresse est en liberté. Ce n’est pas facile psychologiquement, ni pour les éleveurs, ni pour les animaux ».

Vigilance extrême

Une difficulté confirmée par un éleveur jurassien : « Nous vivons avec le virus de l’influenza et les mesures de biosécurité depuis 2005. Lorsque les volailles sont élevées à l’intérieur, leur taux de mortalité augmente ». Conscient des risques, il est « très sévère sur les mesures de biosécurité » : des pédiluves ont été installés pour qu’il puisse désinfecter ses bottes et plus personne ne vient sur la ferme. Seul le marchand d’aliment est accepté et il doit nettoyer ses roues avant d’entrer. La paille et le fourrage sont systématiquement bâchés pour ne pas être contaminés par d’éventuelles fientes.

Pour Pierre-Emmanuel Forest, secrétaire général du CIVB, éleveur à Sainte-Agnès dans le Jura, la ZCT est surtout une piqûre de rappel car les mesures de sécurité étaient déjà appliquées depuis l’annonce du passage du niveau de risque de modéré à élevé, le 10 novembre dernier. « L’ouverture prochaine de la vaccination peut être une piste pour sortir de cette crise, » espère-t-il. « Mais en attendant, les éleveurs doivent rester extrêmement vigilants ».

S.C.

30 communes jurassiennes concernées

Une zone de contrôle temporaire (ZCT) de 20 km autour du lieu de découverte du cygne infecté a été définie. Dans le Jura, sont concernées les communes suivantes : Abergement-La-Ronce, Annoire, Asnans-Beauvoisin, Aumur, Balaiseaux, Chainee-Des-Coupis, Champdivers, Chapelle-Voland, Chaussin, Chemin, Chene-Bernard, Chene-Sec, Gatey, La Chassagne, Les Essards-Taignevaux, Les Hays, Longwy-Sur-Le-Doubs, Molay, Neublans-Abergement, Peseux, Petit-Noir, Pleure, Rahon, Rye, Saint-Aubin, Saint-Baraing, Saint-Loup, Sergenaux, Sergenon, Tavaux.