Une fin de cycle marquée par le sec, un coup de chaud, des orages de grêle… laissent néanmoins la place à des rendements élevés, proches de ceux de l’année 2020. La qualité, aux premières informations, est correcte.
« A ce jour, il doit rester moins de 15% des surfaces à récolter, et, compte-tenu du temps sec, les moissons seront terminées dans moins d’une semaine », estime Emeric Courbet, conseiller grandes cultures à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône. « Globalement, les conditions de récolte ont été favorables, hormis bien sûr, pour les secteurs qui ont subi de gros dégâts de grêle. », poursuit-t-il. La moisson 2022 a donc été plutôt précoce et rapide. Côté rendement, les pesées des bennes ont plutôt apporté des bonnes surprises, dissipant les craintes quand aux conséquences des gelées du 4 avril, ou du ‘’coup de chalumeau’’ début juin après un printemps particulièrement sec… « Il y a de fortes disparités, avec des rendements par culture qui varient dans une plage du simple au double, selon les exploitations », décrit le technicien, qui compile chaque année les résultats d’une cinquantaine d’exploitations, représentant un panel représentatif de la diversité des situations pédo-climatiques et des méthodes de cultures. « Cette année, c’est la réserve utile des sols qui a fait la différence. Là où on a des sols profonds, les rendements sont excellents, proches des records. En moyenne sur le département on arrive à 70 q/ha en blé (de 50 à 88), 33,8 en colza, 65 en orge d’hiver, 60 en orge de printemps. Les cultivateurs audacieux qui ont semé des orges de printemps à l’automne ont fait un pari météorologique gagnant cette année, puisqu’ils sont à 67 q de moyenne, avec une pointe à 78 q/ha, tout ça avec un itinéraire technique économe en intrants (un véritable faux-semis avant l’implantation permet de bien maîtriser le salissement notamment des vulpins). C’est donc une bonne année, quasiment du niveau de 2020, avec de surcroît des prix de vente élevés, et des intrants (engrais et produits phytos) raisonnablement chers. L’équilibre économique risque d’être plus difficile à atteindre pour la prochaine campagne, quand ont voit que certains achètent actuellement 2,5€ l’unité d’azote… »
Fortes disparités selon les réserves hydriques
Si les rendements sont assez hétérogènes, avec, comme toujours, des amplitudes entre les petites terres et les moins favorisées, celles qui ont reçu un peu d’eau ou pas, en colza la fourchette est étonnamment plus serrée qu’à l’accoutumée. « Tout le monde fait au moins 25 q/ha, il n’y a pas de grosses déconvenues, et ça peut monter jusqu’à 44 q/ha de moyenne d’exploitation dans les meilleurs cas ! » En termes de qualité aussi, les premiers échos sont plutôt favorables. « En blé on est un peu bas en protéines et en poids spécifique, en lien avec les conditions de fin de cycle, qui font qu’on avait peut-être à peine de sur-maturité à la récolte. J’ai pour l’instant une moyenne de 76,8 en PS, contre 81 en 2020. Les variété Chevignon et Absalon restent des références dans nos secteurs, avec à la fois du rendement et du PS. En outre elles sont peu sensibles aux maladies… ce sont des valeurs sûres à réutiliser pour 2023. » Le ‘’sec’’ a donc une nouvelle fois été profitable, globalement, aux cultures d’hiver. « De plus, les quantités de paille sont aussi importantes, voire record : un agriculteur du secteur de Fresnes-St-Mamet a ramassé 6,5 T/ha de paille sur un blé Percussio à 85 q/ha, avec un apport de 150 unités d’azote… »
AC