COOPERATIVE APICOLE DU JURA
Coopérative apicole : les adhérents ont le bourdon

Le trou financier généré par sa filiale est lourd de conséquences pour la coopérative apicole du Jura. Des employés sont partis, des dépôts ont fermé leurs portes et le déficit devra être absorbé par la coopérative mère. Les coopérateurs ne comprennent pas !
Coopérative apicole : les adhérents ont le bourdon

Un soir d'été au Carcom de Lons-le-Saunier, l'ambiance est tendue. Une centaine de coopérateurs présents sur les quelque 4 850 que compte leur coopérative, un président entouré de commissaires aux comptes et d'un avocat, un ancien directeur accompagné d'un huissier de justice, des participants venus avec leurs craintes et leurs questions : le décor d'une assemblée générale en catimini, pas du tout dans la lignée de celles auxquelles on assisté, ces dernières années, les fidèles de la coopérative apicole du Jura.

L'assemblée générale du début d'année a été reportée « suite à une décision du tribunal de grande instance de Lons-le-Saunier ». Et elle devait se tenir avant le 30 septembre, date de fin d'exercice comptable.
On entre dans le vif du sujet. Des comptes sont présentés. Et même si chacun ne comprend pas tout, on se rend vite compte que c'est de déficit dont on parle. Celui de la filiale Api Jura que la coopérative avait créée pour distribuer des fournitures, du matériel et des produits de ruche, via un réseau de dépôts s'étendant sur plusieurs départements de l'est de la France. Alain Bonvalot, le président de la coopérative, assure également la gérance de cette filiale. Un premier chiffre est donné : 550 478 euros de perte sur l'exercice 2016. Déficit assorti de fermetures de dépôts, de reventes de stocks, de coopérateurs qui demandent le remboursement de leurs parts sociales... Un déficit que la coopérative va devoir absorber. C'est ce que l'on demandera, en cette soirée d'été aux coopérateurs présents.

 

Incompréhensible glissement !

 

« Comment a-t-on pu laisser glisser vers une telle situation, s'insurge un apiculteur professionnel. Et comment peut-on aujourd'hui demander à une assemblée générale de valider ces comptes alors que vous – le président - êtes responsable de ce glissement ? »
Une réponse laconique est donnée par les conseils : « Des informations ont été découvertes suite à un audit réalisé à la fin de l'année 2016 sur la situation de la trésorerie... Des demandes ont été adressées à la justice et des procédures sont en cours afin de définir les responsabilités de chacun... Des enquêtes, des procédures sont ouvertes mais ce n'est pas l'objet de cette assemblée générale. » Aucune information ne sera communiquée et ordre sera même donné de ne pas prononcer le nom de l'ancien directeur !... 

 

On garde espoir...

 

Le président se veut néanmoins rassurant en affirmant que « des mesures suffisantes seront prises pour assurer la continuité de l'exploitation ». Et il précise qu'un nouveau directeur a été nommé en la personne de Jean-François Benabdallah, un apiculteur professionnel venu de l'Ain. Ce dernier se montre plus concret : des dépôts ont été fermés dans les Vosges, dans le Cher, à Sochaux, à Roulans... les stocks ont été rapatriés dans le Jura et les personnels qui étaient partis pour diverses raisons n'ont pas été remplacés. Globalement, l'activité de la filiale Api Jura a baissé de moitié, ce qui a permis de conserver deux emplois. Selon lui, cette casse sociale sera limitée à « 7 à 8 emplois en moins fin septembre ». L'objectif est de maintenir la filiale le plus longtemps possible pour éviter que, financièrement, elle n'entraîne la coopérative mère dans sa chute.
Depuis le début de l'année, la trésorerie est en progression grâce notamment à une politique de déstockage. L'arrivée de 441 nouveaux sociétaires a été enregistrée. Et on garde un espoir de réaliser l'agrandissement envisagé sur le site de la zone de Perrigny où deux bâtiments sont actuellement loués pour le stockage.
Même si ces éléments de réponses n'ont pas été acceptés par tous, les comptes financiers ont été soumis aux participants. En acceptant ces comptes, la majorité de la centaine de votants a accepté d'endosser le trou, tout en donnant à la coopérative une chance de le combler. Chacun l'espère.
Mais nul doute que désormais, les comptes à venir de la coopérative apicole du Jura seront suivis avec la plus grande attention !

 

Michel Ravet