Un vrai dilemme pour les vignerons

Les vignerons qui avaient besoin de faire du crémant ont pu ramasser lundi et mardi avant les pluies. De même, certaines parcelles en pinot et en chardonnay, qui ne pouvaient pas attendre à cause de leur mauvais état sanitaire, ont été vendangées et seront transformées en crémant. Les premiers raisins ont été récoltés à 10,5-11 degrés.

Partout ailleurs, il semble « urgent d’attendre » car les degrés ne sont pas encore là. Un vrai dilemme pour les vignerons. « Tout le monde scrute la météo, le raisin ne mûrit pas vite », résume Jean-Yves Noir du Domaine de la Petite Marne à Poligny.  « Le problème concerne surtout les grappes de rouges qui sont plus fragiles. La pourriture semble asséchée et stabilisée. Mais s’il pleut, tout peut repartir. Dans ce cas nous n’attendrons pas et nous les passerons en crémant », indique le vigneron.

Quelques degrés de plus…

Les frères Noir ont décidé, comme beaucoup d’autres vignerons, de ne pas faire de crémant, ou très peu cette année, à cause du manque de récolte, et de privilégier les vins tranquilles. « Nous sommes loin des degrés, à part quelques exceptions dans des savagnins. Les pinots ne sont pas mûrs, seulement 10,5 degrés, et les pépins sont encore verts. D’habitude nous les ramassons à 12,5. Sachant qu’on peut gagner 1 degré par semaine, il faudrait attendre encore 2 semaines, si la météo le permet ! Du côté des blancs, le bon état sanitaire et l’acidité bien présente permettent d’attendre encore un peu… » En trousseau, beaucoup de grappes n’ont pas encore vérés complètement (moment où les grains passent du vert au rouge).

La météo permettra-t-elle de gagner ces degrés supplémentaires ? Si les orages n’épargnent pas le vignoble cette semaine, les vignerons seront sans doute contraints de ramasser certaines parcelles et de chaptaliser (ajout de sucre au moût). Une possibilité qui a été ouverte cette année dans le Jura pour gagner jusqu’à 2 degrés.

Au Vernois, pas de crémant

Sur le secteur du Vernois, Denis Grandvaux, président du Caveau des Byards pense que les vendanges vont pouvoir démarrer ce vendredi et jusqu’à lundi avec les pinots. « Ils ne sont pas très abîmés mais ils vont être bons à ramasser. Ensuite viendront les rouges, trousseau et poulsard, qui sont un peu abîmés. Puis sans doute une pause de quelques jours avant de continuer par les savagnins et les chardonnays dans les 15 jours qui viennent ». Le Caveau des Byards ne produira pas de crémant cette année, hormis deux cuvées spéciales. Sur ses vignes, Denis Grandvaux ramassera avec sa machine à vendanger, notamment les parcelles qui devaient être en crémant, et il fera appel aussi à une vingtaine de vendangeurs. « Les candidatures ne se bousculent pas cette année. J’ai pu constituer une équipe mais difficile de dire quand on commence... Tout le monde est un peu dans le flou pour ces vendanges. »

Acidités

Pour Antoine Zbyrko, œnologue au Laboratoire départemental d’analyses du Jura, les récoltes en vins tranquilles pourraient commencer véritablement la semaine prochaine, « et encore, selon les pluies et l’état sanitaire de chaque parcelle, il faudra refaire un point ce week-end ou en début de semaine ». L’usage de la chaptalisation est autorisé cette année à raison de 2 degrés. La chaptalisation n’avait pas été nécessaire ces trois dernières années. Un point positif néanmoins :  « les acidités se tiennent bien, avec des pH autour de 3,10 pour le pinot, 3 pour le chardonnay ».

« On peut déjà prédire le scénario qui se profile pour 2021 : des vendanges décousues et un millésime difficile », résume Antoine Zbyrko

IR