MONTMOROT
Compagnons, du cep au verre

Les Compagnons du Devoir se sont ouverts aux métiers du vivant et, en particulier, ceux de la vigne. Une formation en alternance les a conduits au CFA de Montmorot. Rencontre...
Compagnons, du cep au verre

Le lycée agricole de Montmorot a pris en charge, cette année, la première promotion des Compagnons vignerons du Devoir et du Tour de France. C'est la première fois dans l'histoire des Compagnons qu'une telle spécialité est créée. Les six futurs Compagnons intègrent la filière métiers du vivant où l'on retrouve les tonneliers, les maréchaux-ferrants ou les jardiniers paysagistes.

Les six étudiants préparent un BTS A viticulture œnologie en itinérance intitulé « du cep au verre ». Tous ont déjà un bac pro vigne et vin. La formation est dispensée sur trois ans. C'est un parcours innovant qui est mis en place en partenariat avec Préférence Formation, en itinérance sur trois ans, sur cinq sites de formation : les CFA de Montmorot, Avize en Champagne, Rouffach en Alsace, Riscle dans le Gers, Montreuil Bellay dans le Val-de-Loire.
A travers les voyages et les rencontres, les Compagnons vont apprendre les différentes manières de travailler la vigne et d'élabore le vin. La formation est assez vaste pour un jeune en formation. Il doit se spécialiser dans le domaine qui l'intéresse le plus. Mais en ayant des compétences en œnologie, mécanique agricole, connaissance du sol et des plantes, commercialisation des vin, etc...
Quand ils ne sont pas en cours théorique, les aspirants Compagnons travaillent dans les vignes, dans tous ces domaines et sur le principe de l'alternance. Hébergements, gestion des contrats de professionnalisation et des enseignements généraux sont pris en charge par les Compagnons.
En 2018-2019, dernière année de leur apprentissage, ils auront à effectuer une année à l'étranger avant d'avoir à réaliser leur chef-d'œuvre pour devenir Compagnons.

 

La recherche de l'excellence


Au CFA de Montmorot, les six apprentis planchent sur le travail d'adoption qu'ils devront présenter. Pour être « adoptés » et passer ainsi au grade d'aspirant. Ils sont encadrés par Aude Taupin, la coordinatrice des BTS vite-oenologie, et son collègue Philippe Chatillon.
Les six viennent de différents horizons : Tom Andrieu de Provence, Louise Courty et Pierre Weiss de Champagne, Cyril Desabeau de Picardie et Bastien Walter d'Alsace.
Avec eux, Vincent Ray, le Bordelais, a quelques années d'avance. Il est passé compagnon après quatre années de formation et, en fin de cycle, la réalisation de son chef d'œuvre : une cuvée de Mercurey blanc qu'il a complètement élaborée, travaillant aussi sur toute la partie marketing et commercialisation.
Vincent - « Bordelais la persévérance » de son nom compagnonnique - insiste sur cette notion d'excellence qui anime tous les compagnons. « Ce n'est pas toujours facile mais cette recherche d'excellence nous permet de viser toujours plus haut, plus loin dans ce que nous faisons. C'est un idéal de savoir-faire et de savoir-être que nous partageons et qui est aussi une source de plaisir... ».

 

 

Le Tour de France avant l'installation


Leur ambition commune est d'abord de « faire leur Tour de France ». Pour apprendre encore, s'enrichir d'expériences... Au terme de sept à huit années de Tour de France, ils ont la capacité d'assumer des responsabilités, d'être chef d'entreprise, conducteur de travaux. Ce Tour de France leur permettra d'ailleurs de mieux savoir quel poste ils aimeraient occuper et quelle région choisir. Voire à l'étranger car un service dédié à l'accompagnement des jeunes à l'international existe et suit n'importe quel projet de jeune compagnon qui souhaite partir dans un pays étranger...
« Notre vocation est la formation et la transmission des savoir-faire, expliquait aussi Deven de Ruyter, responsable de l'Institut des métiers de la nature. Nos objectifs sont orientés vers l'accomplissement de chacun à travers son métier. Nos valeurs s'appuient sur le partage, le voyage, la rencontre. Sortis du Tour de France, les jeunes Compagnons ont une histoire, un parcours professionnel, une facilité d'adaptation du fait du changement de ville. Les Compagnons ont aussi une certaine ouverture d'esprit forgée par le voyage et les rencontres. Ils sont obligés de remettre en question leurs compétences, leur manière d'être et de faire pour pouvoir s'adapter à un nouvelle entreprise... »
Puis, à l'issue de leur Tour, viendra le temps de la recherche d'un emploi, voire le rêve de tous qu'est l'installation. Tous ces jeunes Compagnons ont conscience que – sauf mise de fond importante – une installation dans les grands vignobles de France, ne sera pas possible... « Le vignoble jurassien est intéressant, reconnait Vincent, Bordelais la persévérance. Car on peut encore trouver quelques bonnes affaires à reprendre, à des prix abordables... Et surtout y mener un travail de qualité, conforme à notre philosophie... ».

 
M.R.