Chasseurs du Jura
Ne pas ''cultiver'' le sanglier !

Plus de 5 200 sangliers prélevés. Un record pour les chasseurs du Jura mais il faut encore augmenter la pression de chasse par endroit estime la fédération des chasseurs.
Ne pas ''cultiver'' le sanglier !

La dernière saison de chasse 2016-2017 a été marquée par une hausse des indemnisations de dégâts de grands gibiers sur les cultures : 353 620 euros ont été versés aux agriculteurs, soit une augmentation de 50% en un an. Néanmoins, le bilan cynégétique témoigne d'une année record pour la chasse jurassienne et d'un très bon taux de réalisation des plans de chasse. Les 7 892 chasseurs ont prélevé 506 cerfs, 4 706 chevreuils, 109 chamois et 5272 sangliers. Le président de la fédération des chasseurs du Jura, Christian Lagalice, reconnait qu'il existe des difficultés sur certaines secteurs du département qui deviennent de véritables zones de "conserves de sangliers sur pattes", « des lieux où l'on cultive le sanglier et les dégâts qui vont avec ! ». La fédération des chasseurs va inciter les ACCA à se saisir davantage du problème. De plus, l'assemblée générale a validé une participation financière aux dégâts plus élevée sur certaines communes et unités de gestion.

Pour la saison de chasse en cours, les dégâts restent importants. 1 250 tonnes de maïs grains avaient été indemnisées pour la récolte 2016, un chiffre dépassé en 2017 avec 1 358 tonnes indemnisées, soit 141 440 euros. « Nous ne pouvons pas agir sur la météo et la fructification forestière gages de bonnes reproduction des sangliers, ni sur les rendements des cultures et la mondialisation des cours agricoles, mais nous pouvons et devons agir en augmentant la pression de chasse là où cela est nécessaire pour maintenir une population en adéquation avec son milieu », affirme Christian Lagalice. Et d'ajouter : « Nous devons trouver les moyens pour agir sur les territoires où l'on ne peut pas chasser comme la déchetterie de Brevans, la cimenterie de Rochefort, l'emprise Solvay, la réserve naturelle du Girard qui abrite 50 sangliers sur 125 ha... Que cette association reçoive un jour une facture des dégâts n'est pas une impossibilité ! »

 

Loup, lynx

 

La gestion des grands prédateurs est un sujet épineux. « Imaginer que le loup puisse revenir sur l'ensemble du territoire relève d'une vision romanesque et livresque qui frise le ridicule... », estime Christian Lagalice pour qui le loup et son explosif développement vont conduire à un nombre croissant de problémes pour la faune, le bétail, les territoires et les hommes. Le montant des indemnisations aux éleveurs et les mesures de protections des troupeaux au niveau national se sont élevés à 28 millions d'euros pour cette année. Et de révéler qu'une opération de recensement des établissements détenant des loups a été diligentée par l'ONCFS. Au 31 décembre 2017, 596 loups sont présents chez 59 détenteurs répartis sur 40 départements. « Il est fort possible qu'une partie soit relâchée dans la nature. A quand le fichier génétique des loups que nous réclamons et qui permettrait de connaître l'origine de chaque loup ? »

Concernant le lynx, le monde de la chasse réclame une « reversibilité des classements », c'est à dire de ne pas figer une espèce dans une catégorie mais pouvoir permettre leur adaptation réglementaire en fonction de leurs effectifs. Par ailleurs, la fédération du Jura poursuit son projet d'étude « proie prédateurs lynx », une recherche importante pour améliorer la connaissance de ces espèces. « Ne laissons pas à ceux qui sont opposés à la chasse le monopole des études de la gestion et de la communication sur les espèces. »

 

Biodiversité

 

La fédération de la chasse du Jura continue à faire valoir que la chasse est un atout pour la biodiversité et les territoires ruraux. Elle gère ainsi des zones humides soit par acquisition, soit par assistance d'ouvrage. Elle suit également 21 sites dans le Jura pour 480 ha. L'une des dernières actions en date est la restauration du marais de Panesières, d'une surface de 23 ha acquis en indivision par la commune de Chatelneuf et la fondation pour la protection des habitats et de la faune sauvage. La gestion du site a été confiée à la fédération des chasseurs. Faune et flore y reprennent place, en particulier les bécassines qui recolonisent le milieu.
La fédération poursuit sa politique d'acquisition de territoires, d'appuis techniques et de prestations auprès des collectivités. « Nos propositions visent toujours à améliorer les milieux mais sans ajouter de contraintes particulières pour les pratiques humaines, qu'elles soient du domaine de la chasse, de la pêche ou de l'agriculture », indique Michel Liegon, vice président de la fédération des chasseurs du Jura. « Si nous ne le faisions pas, d'autres organismes le feraient pour nous, avec une autre vision que la nôtre. »

 

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