Fermoscopie
Les premiers résultats comptables des fermes moyennes

CERFRANCE ALLIANCE COMTOISE / Impossible de faire le tour de toutes les productions de la région, c’est donc de façon « synthétique » que Cerfrance Alliance Comtoise a dressé le bilan, par filière, de la ferme moyenne des départements du Doubs et du Jura.

Les premiers résultats comptables des fermes moyennes

Une première analyse 2020 donnée en visio-conférence par Cerfrance Alliance Comtoise, a été marquée l’arrivée du Covid-19 (et ses confinements), sans oublier la sécheresse et de nombreux débats sur l’agriculture. Cette dernière s’installe comme un thème majeur de nos sociétés, en bien (secteur de première nécessité…) ou en mal (polémiques médiatiques…). Après une rupture brutale des modes de consommation des concitoyens avec le Covid et après l’inquiétude de voir les filières s’effondrer, l’agriculture a montré qu’elle était capable de nourrir le pays en temps de crise, et très vite, les volumes d’achats des ménages se sont maintenus et ce qui n’était pas consommé hors domicile l’était dans les grandes surfaces. Tour d'horizon des filières...

Grandes cultures

Cette année 2020 aura été une « année hors norme » au niveau de la météo. Des épisodes de sécheresse cumulés à des températures élevées qui ont surtout pénalisé les cultures de printemps dont les rendements ont chuté d’un tiers, voire de moitié. Grâce à la diminution moyenne des charges de mécanisation, les charges ont également baissé. La baisse des volumes a conduit à un résultat courant de 26 euros à l’hectare. Et celle des produits n’a été qu’en partie comblée par les assurances climatiques. Le résultat courant est tombé à 4 300 euros alors qu’il été de 18 100 euros en 2019.

Comment s’adapter face aux diverses crises ? Des pistes ont été proposées et des travaux sont menés sur l’irrigation « possible mais contraignante », sur les choix des périodes des semis et des cultures, sur les cultures les plus adaptées, sur les synergies à trouver avec d'autres régions...

Bovins viande

Une année encore difficile pour les éleveurs de bovins viande de l'Alliance comtoise. Dans un contexte de prix déjà peu rémunérateurs, les prix sont encore à la baisse et la sécheresse a augmenté les coûts de production. Sans oublier la baisse de consommation de viande alors que la demande reste soutenue sur les circuits courts où la clientèle est plutôt "volage"... Chiffres à l'appui les cours et les rendements ont baissé et les résultats restent assez disparates ! 4982 euros de résultat courant par unité de main d'œuvre, alors qu'il était à plus de 12 000 euros en 2019, un EBE par unité de main d'œuvre familiale qui ne dépasse pas les 29 000 euros alors qu'il était à plus de 36 000 l'année précédente...

Alors quelles stratégies mettre en place pour limiter les effets de ces crises.  Pour lutter contre le Covid, la stratégie passe par un développement de la vente en circuits courts et la mise en place d'organisations de producteurs qui permettent de faire face à la demande et de communiquer sur les pratiques et les produits. Pour limiter les effets du changement climatique, le mot d'ordre est d'adapter les effectifs à la disponibilité fourragère de l'exploitation, tout en considérant qu'une limitation aura obligatoirement des incidences sur le revenu..

Lait conventionnel

Depuis trois campagnes, l'éclaircie se poursuit pour les producteurs de lait conventionnel. Leurs résultats sont confortés. La production a augmenté de 5% alors que les prix ont baissé de 2% en moyenne. L'effet volume compense donc la baisse annoncée du prix du lait.  

L'adaptation par rapport au changement climatique reste donc un enjeu majeur pour la filière. Les éleveurs devront adapter leurs effectifs au potentiel fourrager de leur structure et revoir leurs assolements pour atteindre l'autonomie fourragère. Les adaptations au Covid 19 et aux normes du bien-être animal ne devront pas être négligées.

Lait AOP

Face à la crise sanitaire, la filière comté a une nouvelle fois montré sa capacité de résilience. La baisse de 8% décidée au deuxième trimestre avait pour objectif de coller le plus possible à la demande des marchés. Avec le retour à une baisse de 2,3% étalée sur toute la campagne laitière puis un retour au 0% de baisse, les éleveurs ont montré leur réactivité pour réaliser une production équivalente à celle de 2019. Et les baisses de quantité seront compensées par une hausse des prix du lait AOP.

Les adaptations à la crise sanitaire et à l'évolution du climat concerneront aussi les producteurs de lait AOP. Tout comme la prise en compte du bien-être animal : "Une place à l'auge et une place au couchage pour chaque animal présent en bâtiment..."

M.R.

 

Les fermes moyennes en chiffres :

Grandes cultures

Grandes cultures

- 165 ha de SAU
- 1,45 UMO dont 89% de familiale
- 60% en forme sociétaire
- 1434 euros à l'hectare de produit global
- 450 euros à l'hectare de frais de mécanisation
- un résultat courant de 26 euros à l'hectare
- un EBE de 56 700 euros, en baisse de 23%

Bovins viande

Bovins viande

- 118 ha de SAU dont 18 ha de cultures céréalières
- 1,25 UMO dont 1,2 de familiale
- 35% des exploitations sont en société
- 92 UGB en moyenne
- un résultat courant par UMO de 4 982 euros
- un résultat par Utaf de 5 166 euros

Lait conventionnel

Lait conventionnel

- 162 ha de SAU
- 2,43 UMO
- 83 vaches laitières
- 584 000 litres de lait vendus soit une moyenne de 7 000 litres par vache
- un prix moyen à 374 euros les 1000 litres
- 111 000 euros d'EBE et un résultat courant de 47 800 euros (19 100 euros par Utaf)

Lait AOP

Lait AOP

- 104 ha de SAU
- 1,91 UMO dont 1,72 familiale, 53 vaches laitières
- 336 000 litres de lait vendu à un prix moyen de 607 euros les 1 000 litres.
- 109 300 d'EBE, 43 600 de résultat courant dont 25 400 euros par Utaf.