Section viande FDSEA
Contractualisation et décarbonation au programme
Le 7 décembre dernier, la FDSEA du Jura recevait Emmanuel Bernard, Président de la FDSEA de la Nièvre, vice-président de la Fédération Nationale Bovine et surtout, président national de la section bovine d’Interbev. Une section qui pèse lourd puisqu’elle est la principale des 22 familles de l’interprofession viande et qu’elle contribue à hauteur de 80% du budget.
En introduction, Emmanuel Bernard a rappelé que 30% de la viande bovine française était issue du troupeau laitier. A ce titre, des départements comme le Jura qui ont à la fois des producteurs spécialisés bovins viande et de nombreux producteurs de lait ont toute leur place dans le débat de la contractualisation ; dans le débat de la contractualisation mais surtout, dans la manière dont les normes de production doivent évoluer pour protéger le marché français. L’objectif est clairement affiché : « On ne peut pas demander aux voitures françaises de respecter les mêmes normes que les voitures chinoises pour accéder à leur marché et dans l’autre sens faire rentrer n’importe quoi en Europe dans le secteur agricole ». Au risque de provoquer un peu l’assistance, Emmanuel Bernard a très vite abordé la question de la décarbonation de la production de viande bovine et de ses conséquences en termes d’accès au marché. A la question : « Est-ce que ça va créer des contraintes administratives supplémentaires ? » La réponse est : « Oui et sans ambigüité. » A terme, les exploitations agricoles comme n’importe quelles entreprises vont progressivement devoir réaliser 2 comptabilités : une comptabilité classique où la recherche d’excédent brut d’exploitation demeure le critère central et une comptabilité environnementale. Pour cette dernière, l’enjeu est de mesurer l’impact carbone et de valoriser les actions visant à le capter et mesurer le caractère vertueux de la production. Ce sont les résultats de cette seconde comptabilité qui vont servir de clé d’accès au marché et de moyen de différentiation complémentaire. Le concept peut sembler complexe et s’apparenter à une nouvelle couche administrative et réglementaire mais Emmanuel Bernard se veut rassurant. Tout d’abord, la mesure va concerner toutes les activités économiques, qu’elles relèvent du secteur primaire, secondaire ou tertiaire. L’exemple des démarches relevant de la responsabilité sociale et environnementale (RSE) et engagées dans le monde de la banque actuellement sont l’illustration que le mouvement est en route. Ensuite, la généralisation de cette comptabilité environnementale n’est pas pour demain et le monde agricole n’est pas en retard. De nombreuses exploitations ont déjà engagé des diagnostics carbone avec la méthode Cap2R. Enfin, il s’agit avant tout de préserver notre marché et le revenu des producteurs. Le travail doit donc se poursuivre pour simplifier les démarches et faire de la décarbonation un atout pour l’élevage français.
Et la contractualisation ?
La loi EGAlim 2, prévoit une contractualisation obligatoire pour tous les opérateurs. Cette démarche a pour objectif de sécuriser le prix payé au producteur tout au long de la chaîne. A l’amont, elle prévoit des contrats écrits et obligatoires de 3 ans minimum entre les producteurs et leurs acheteurs, qu’ils soient privés ou coopératifs. A l’aval, la non-négociabilité du prix de la matière première agricole dans le produit vendu. Des modèles de contrats ont été mis à disposition par Interbev pour accompagner l’ensemble des acteurs de la filière et tout particulièrement les producteurs. Malgré des objectifs favorables aux éleveurs et notamment la garantie du débouché et la garantie du prix, la contractualisation tarde à se mettre en place. Dans la salle, les interpellations ne se sont pas fait attendre : « Si les prix montent, on ne profitera pas de la hausse ! ». A la hausse comme à la baisse, le contrat prévoit les modalités de détermination du prix, en fonction des cours, à la hausse comme à la baisse. Mais il tient surtout compte de l’évolution des coûts de production ce qui permet de coller au mieux aux fluctuations des critères qui déterminent le prix. Au-delà de la production, c’est l’ensemble de la filière qui est sécurisée grâce à la contractualisation puisqu’elle permet de sécuriser l’approvisionnement et de garantir l’activité des entreprises de l’aval.
Dans les mois à venir, la FDSEA poursuivra ce travail d’information et d’accompagnement des producteurs à la contractualisation.