JA A MIGNOVILLARD
Aux JA de rétablir des vérités !

La communication a été au centre des débats de l'assemblée générale annuelle de JA 39 qui s'est tenue mardi matin, en salle des fêtes de Mignovillard. Didier Giraud, animateur aux Grandes Gueules sur les ondes de RMC et Jean-Pierre Fleury de la FNB ont apporté leurs éclairages sur les stratégies de communication à adopter pour lutter contre l'agribashing.
Aux JA de rétablir des vérités !

La communication a été au coeur des débats de l'assemblée générale annuelle de JA 39 qui s'est tenue mardi matin, en salle des fêtes de Mignovillard. Le thème s'inscrit comme une suite logique à « la reprise en mains de la communication » qui avait été abordée en 2018. Cette année, le président Nicolas Saive et les siens ont voulu aller plus loin. Ils ont parlé de « stratégies de communication ». Le moyen, selon eux, de répondre à l'agribashing, aux attaques de plus en plus fréquentes qui remettent en cause les pratiques de la profession. Nicolas Saive est clair : « On ne peut pas rester inexistants face à ça. A nous de reprendre notre communication en mains, d'utiliser les mêmes moyens que ceux qui nous attaquent, de faire connaître nos pratiques au grand public ! »

 

Syndicaliste et Grande Gueule...


Pour les éclairer, les guider dans cette direction, les jeunes agriculteurs jurassiens ont fait appel à deux personnalités aguerries : Jean-Pierre Fleury, le responsable de la FNB – qui était déjà venu à Valempoulières lors du meeting FDSEA – JA pendant la campagne des élections chambre d'agriculture – et Didier Giraud.
Eleveur en Saône-et-Loire et ancien président des JA de Bourgogne Franche-Comté, ce dernier est surtout connu pour ses interventions dans l'émission Les Grandes Gueules diffusée sur les ondes de RMC. Une participation qui, pour lui, est bien plus qu'un simple passe temps... « Je participe à une émission par semaine. Je suis le défenseur du monde rural et ma spécialité c'est de faire la guerre aux vegans... Pour moi, c'est un moyen de défendre le métier et le monde rural. Je garde la sensation de faire du syndicalisme, dans la continuité d'un parcours que j'ai commencé dans les rangs des JA... »
Les portraits brossés, les deux hommes se partagent le devant de la scène.
Jean-Pierre Fleury pointe du doigt les aberrations entendues, vues ou lues dans les médias sur différents sujets agricoles. Il illustre son propos par plusieurs exemples : les 15 000 litres d'eau sur les prairies nécessaires pour produire un kilo de viande resurgit toujours malgré tous les démentis régulièrement apportés...
Autre exemple moins connu sur le thème de la consommation de viande : en France, les trois publics les plus fragiles que sont les enfants, les malades et les personnes âgées sont nourris à 70% avec des viandes d'importation. La Région qui gère le fonctionnement des lycées, a affiché clairement sa volonté que de la viande française soit consommée dans les établissements qu'elle gère. Le hic c'est que les personnels qui fixent le prix des repas – et décident donc des achats – sont des personnels du Rectorat. Sous entendu « qui ne tiennent pas compte de la volonté des élus de la région... ».
Ajoutant au passage que quelque 4 000 postes ne sont pas pourvus en France dans les métiers de la boucherie, le responsable qu'il est estime « qu'il est temps de remettre l'église au centre du village... et qu'il y a urgence vu la mutation actuelle de la société. »
Comment faire alors ? Il suggère de « rétablir des vérités » sur les pratiques, de travailler sur des thèmes incontournables comme la réduction des rejets de carbone, les bienfaits de la consommation de viande pour la santé, la défense de la traçabilité des productions – de plus en plus remise en cause par les industriels – qui permet surtout de rassurer le consommateur...

 

« Le problème, c'est la bouffe industrielle »


Didier Giraud prend le relais : « Il faut renvoyer les gens à leurs propres incohérences. Il y a aujourd'hui plusieurs agricultures car il y a plusieurs alimentations. Nous avons fait le choix dans les années 60 de donner à manger à tous et pour pas cher... La justification de nos primes, c'est le droit à bouffer du consommateur. C'est ça le socle... Le vrai problème ce n'est pas la consommation de viande. Le vrai problème c'est la bouffe industrielle qui utilise beaucoup de sucre (22 morceaux dans 500 grammes de ketch-up) et de sel (100 grammes dans un kilo de cordon bleu)... Et pour lutter contre celà, il nous appartient à nous tous agriculteurs d'aller chercher des prescripteurs, des chefs cuisiniers, des restaurateurs, des ambassadeurs... des gens qui représentent quelque chose aux yeux de la société ! »
Etienne Baconnet, le responsable communication des Jeunes Agriculteurs BFC, évoque la rédaction d'un cahier des charges de la bonne viande : « Attention à qui va l'écrire ! C'est à nous de le faire, de garder la main... Et nous ne devrons pas rater ce virage, sinon il y aura beaucoup de casse et nous n'aurons pas d'autre choix que celui de la bouffe industrielle... »
A une question sur les outils à utiliser, Didier Giraud pense tout de suite aux réseaux sociaux : « N'ayez pas peur d'utiliser les réseaux sociaux ! J'ai toujours été critique dans la façon de les utiliser... En voulant publier, on prend le risque de s'enterrer... Evitez simpement de rentrer dans les débats ou de donner des explications qui sont trop techniques ou incompréhensibles... Mais je suis confiant, et je reste persuadé que les réseaux sociaux vont évoluer et que l'anonymat va tomber. »...
« C'est à nous de rétablir des vérités » : une phrase qui a été martelée tout au long de la matinée. Par les invités mais aussi lors d'interventions venues de la salle. Sans doute le plus petit dénominateur commun de cette assemblée générale !

 

Michel Ravet