La Safer est intervenue pour conforter l'exploitation de Didier Grappe. Le vigneron peut regarder l'avenir plus sereinement.
Didier Grappe est installé sur 3,5 ha de vigne à Saint-Lothain. Il mène ses parcelles en mode biologique et vinifie avec le moins d'interventions possibles, sans ajouts de souffre et de levures, sans tanisage, ni chaptalisation. Il aura suffit de deux ou trois articles signés de journalistes influents pour que ses vins trouvent un marché. « Je vends 70% de ma production à l'exportation vers les États-Unis, le Japon, le Canada, l'Australie , uniquement par le bouche à oreille entre importateurs. Je ne fais pas beaucoup de salons, je préfère passer du temps dans les vignes et en cave. » Il n'en reste pas moins que le viticulteur aimerait trouver un peu plus de foncier pour répondre à la demande. Il pense aussi à son fils de 16 ans, en BPREA vigne, qui pourrait avoir le projet de s'installer.
La perle rare
Après quelques recherches infructueuses, Didier Grappe trouve la perle rare : 2 ha de prés bien exposés, qui plus est sur sa commune. « C'est un coteau qui va très bien pour faire de la culture biologique, pleine bise, bien venté et qui ne reste jamais dans la rosée car il voit le levant et le couchant. La terre est reposée et bien fraîche. » La parcelle en question fait partie d'une exploitation laitière reprise par un jeune agriculteur de Saint-Lothain, Irénée Humbert dans le cadre d'une installation suivie par la Safer.
Convention de mise à disposition
« Je me suis porté acquéreur auprès de la Safer. J'ai finalement fait une convention de mise à disposition avec Irénée sur les 2ha. ». Ce printemps, Didier Grappe a déjà retourné une partie du pré et planté 36 ares de vigne. Il compte demander d'autres droits de plantation et replanter progressivement. Pour l'aider, il a embauché un jeune en contrat d'apprentissage. Il fait aussi appel à quelques occasionnels au fil des saisons. « Ce sont deux hectares bien valorisés qui vont créer de l'emploi et peut-être demain une installation », se réjouit Didier Grappe. En prime, une chouette complicité est née entre le vigneron et le jeune éleveur.
Isabelle Pouget
Questions à Jean-Yves Noir, président du comité technique Safer 39
Une satisfaction ?Dans cet exemple, en regroupant deux exploitations pour en faire une viable, nous avons pu installer un jeune en lait à comté, dégager un peu de foncier viticole pour un petit vigneron bio et conforter une troisième exploitation, les Écuries du Revermont, en leur laissant 9 ha. Une difficulté ?Il est difficile dans le vignoble de trouver des terres à planter disponibles. La plupart des terrains sont exploitées en AOC comté. Jusqu'à présent, on butait sur la politique des quotas. Quand le propriétaire vendait, le fermier en place reprenait les hectares pour ne pas perdre de quotas. Cependant, le fermier en place acceptait parfois de lâcher du terrain si celui qui le reprenait n’était pas producteur de lait et ne demandait donc pas les quotas correspondants. Ceci tant qu’on était en dessous des 4 600 l/ha..Or maintenant la productivité en comté est un droit à produire lié aux surfaces de l'exploitation. Le lien au foncier est renforcé. Tout éleveur qui perd du terrain, perd du lait. Cela risque de relancer la course aux hectares et cela ne facilite pas les échanges.La difficulté est de savoir comment on peut arriver à capter des terrains qui sont dans l'aire d’appellation viticole pour donner des possibilités de développement au vignoble et installer des jeunes en viticulture. C'est une prise de conscience nécessaire, tout le monde doit y mettre du sien. Les viticulteurs ne comprennent pas qu'ils n'aient pas accès au foncier. Une proposition ?J'aurais aimer réunir tous les présidents de CCS en zone viticole pour leur présenter deux pistes de travail.La première piste, à chaque fois qu'un terrain se libère et qu'il n'y pas de fermier en place, que la Safer puisse le mettre en réserve pour la viticulture. Il ne faudrait pas que ces parcelles partent dans du loisir. On sait que le stockage par la Safer à un coût, il faut avoir suffisamment de fonds.La deuxième piste, quand une exploitation est en vente, les terres deviennent libres. Il faudrait voir comment récupérer les terres viticoles, tout en gardant une exploitation viable et transmissible. Pour ce faire, il faudrait étudier la possibilité de faire des échanges.La société de viticulture et le CIVJ ont déjà un groupe de travail sur l’installation, la transmission et le développement du vignoble en surface. Nous attendons de connaître les résultats de leur réflexion pour voir comment collaborer au mieux. Quel est la priorité du Comité technique Safer 39 ?Jouer le plus possible la carte de l'installation et maintenir des exploitations dans nos villages. Dans un projet de transmission, la Safer a un atout : elle offre une sécurité financière et permet d'aller plus vite dans les diverses démarches à effectuer.