Petite année pour les vins du Jura

Vitiscopie jurassienne 2021 / CERFrance Alliance comtoise a présenté par visioconférence, lundi 15 mars, son bilan annuel de la filière vin du département. L’année a principalement été marquée par la crise du covid bien sûr mais aussi par le gel de 2019. Ce fut une petite année après des vendanges 2018 exceptionnelles.

Petite année pour les vins du Jura

Pour établir ce bilan qui concerne la vendange 2019, CERFrance a travaillé sur un échantillon de soixante-douze exploitations viticoles jurassiennes représentant 740 ha au total : neuf structures entreprises, vingt-trois familiales, dix-huit bio et vingt-deux apporteurs de raisin. Leur superficie est disparate. Si les domaines bio et familiaux totalisent en moyenne une surface légèrement supérieure à 8ha, les apporteurs de raisins, en grande partie des coopérateurs, disposent de 12ha en moyenne et les entreprises de 20ha. Ce panel est stable par rapport aux chiffres présentés l’an passé.

Les charges de production de raisin, en euro par hectares de vigne, sont en léger retrait pour toutes les structures. Cette baisse est liée à des vendanges bien moindres cette année par rapport à la campagne 2018 et ses volumes très importants. La production a baissé de 60 %, passant de 62 à 26 hectolitres par hectare, principalement à cause de la période de gel de 2019 qui a fortement impacté la récolte. Sur les cinq dernières années, le rendement moyen était de 40 hl/ha.

 

 

Dans le détail, cette baisse des charges de production du raisin par hectare est en partie due au coût de la main d’œuvre saisonnière et permanente. Elle s’explique par la baisse du volume de vendange mais aussi par l’arrêt du CICE (crédit d’impôt sur la compétitivité emploi), remplacé par une baisse des cotisations salariales qui se répercute directement sur la comptabilité.

 

Mais diminution des charges à l’hectare ne signifie pas baisse du prix du litre de raisin. Ce dernier a plus que doublé par rapport à 2018. Il s’établit cette année à 3,94 € pour les entreprises, 4,34 € pour les structures familiales et à 6,10 € pour les viticulteurs en biologique qui nécessitent plus de mains d’œuvre. Les vignerons vendant plusieurs millésimes, l’impact de cette hausse ne se verra pas que sur un seul exercice.

 

Au final, la marge bouteille s’élève de 0,34€ pour les entreprises à 1,51 € pour le bio. Quant aux domaines familiaux, cette marge est de 67 centimes. Leur prix de vente moyen a augmenté de plus de 6 %. Cette hausse s’explique par une orientation de la demande sur des gammes de produits différentes pendant le confinement. Cette marge représente le bénéfice de l’exploitant et constitue sa rémunération et sa trésorerie.

La crise sanitaire a eu des effets très hétérogènes selon le mode de commercialisation du vin.  Certains circuits ont connu plus de difficultés que d’autres. Les salons ont été totalement arrêtés ce qui a pénalisé les entreprises qui comptaient dessus. L’export a en général mieux tenu que les ventes en France. Certains vignerons ont su réagir et innover avec succès.

Le covid n’a pas trop impacté les apporteurs de raisin, ce sont surtout les fruitières qui l’ont subi. Leur autonomie financière est restée stable. Leur solvabilité à court terme est même en augmentation car ils ont été payés cette année pour la vendange 2018.

A l’inverse, les entreprises et structures familiales voient leur taux d’autonomie diminuer. Le covid a entraîné une baisse du chiffre d’affaires à partir du mois de mars et une hausse des stocks. Leur dette à court terme a aussi augmenté à cause de la baisse des ventes et des PGE (prêts garantis par l’État) contractés pour faire face à la crise sanitaire.

En agriculture biologique, les vignerons ont en moyenne mieux supporté la crise. Certains domaines étaient en forte évolution au niveau de leurs ventes, elle n’a qu’était freinée par le confinement.

Depuis le 31 juillet 2020, le chiffre d’affaires des vignerons jurassiens joue au yo-yo entre le reconfinement, les couvre-feux et la reprise pendant les périodes des fêtes. Mais depuis janvier 2021, les ventes sont reparties à la baisse par rapport à 2020. Avec le printemps, la mise en bouteille et le travail de la vigne vont débuter, ce qui aura des conséquences sur les trésoreries.

SC