MORBIER ET MONT D'OR
Garder le cap du lait cru

Eric Février, président du syndicat interprofessionnel du mont d'or Claude Philippe, président du syndicat interprofessionnel du morbier, s'expriment suite à l'épisode sanitaire qui a fait dix victimes en 2015-2016.
Garder le cap du lait cru

Après la médiatisation de l'épisode sanitaire survenu en 2015-2016, le morbier et le mont d'or se retrouvent provisoirement dans la tourmente. Le bilan humain est triste, toujours trop lourd. Sollicités mi-mars par une journaliste d'investigation de France Inter qui détenait des informations officielles, nous avons choisi la transparence. C'est en accueillant dans nos fermes, nos fromageries et nos caves d'affinage, en montrant nos pratiques, que nous faisons le pari de conserver la confiance du consommateur.
Début 2016, les fromagers et les producteurs ont mis en oeuvre le renforcement des analyses sans avoir tous connaissance de l'ampleur de l'épidémie. Nos fromageries ont accepté cette augmentation considérable de la prévention et des coûts afférents, devant la recrudescence des alertes, car la sécurité du consommateur est la priorité absolue. L'organisation de la filière a facilité une réaction collective et immédiate. Depuis de nombreuses années, nos filières se sont en effet dotées de règles sanitaires qui s'appliquent dans tous les ateliers de fabrication, en complément des cahiers des charges AOP, pour garantir au consommateur un produit de terroir, authentique et sûr. Depuis 2017, nous avons aussi déployé le Passeport Lait Cru, pour sensibiliser tous les producteurs à des pratiques de base, concernant l'hygiène et la propreté dans les exploitations.
Produire au lait cru, c'est une exigence globale, du matin au soir, dans tous nos gestes, dans chacun de nos métiers. C'est aussi notre histoire et le savoir-faire de toute une région, dans la construction d'un produit à forte valeur ajoutée. Le lait cru, c'est notre héritage et notre identité, nous en assumons ensemble les obligations. La gestion sanitaire représente une lourde charge psychologique et financière. Nous sommes déterminés à continuer dans cette voie, en améliorant encore si besoin la prévention, même si ce choix s'avère difficile. Avec la conduite de programmes de recherche, nos filières pourront aussi avancer dans la connaissance, avec l'éclairage d'une science objective. C'est la force de notre organisation collective pour faire face à ce défi.