Elevage
La volaille de Bresse de retour à Courlaoux

Dans la famille Badin, on est éleveur de volailles de Bresse de père en fille. Après avoir travaillé un temps dans la communication, Pauline a repris la ferme familiale créée par son arrière-grand-père il y a bientôt un siècle, en 1932. Les premiers poulets AOP produits sur place sont commercialisés depuis juillet.

La volaille de Bresse de retour à Courlaoux
Grâce à Pauline Badin, les poulets de Bresse sont de retour à Courlaoux.

A Courlaoux, il n’y avait plus d’élevage de poulets de Bresse depuis le début des années 2000, lorsque Jean-Pierre Badin a décidé de se concentrer sur la commercialisation de ce produit. C’était sans compter sur sa fille Pauline qui a choisi de quitter son emploi dans la communication à Montpellier pour relancer la ferme familiale.

« Mon envie de revenir était due à un combo de plusieurs choses, » explique la jeune femme. J'avais fait le tour de mon ancien métier. Le projet a commencé à mûrir il y a 4 ans. La naissance de mon fils a été un déclencheur : je souhaitais me rapprocher de ma famille. Les poulets de Bresse sont dans mes gènes depuis 4 générations et, en tant que fille unique, je voulais redonner vie à ces terres et à cette bâtisse à fort potentiel, faire quelque chose d'utile, des beaux produits de qualité ».

Une reconversion réussie

Avec l’accord de son employeur, Pauline débute sa reconversion et passe un brevet professionnel de responsable d'entreprise agricole (BPREA) à Montmorot. Elle effectue son stage au Gaec Laurency, à Saint-Usuge (71), qui produit des volailles de Bresse. « Dès le premier jour, je savais que c'était ce que je voulais faire, » confie-t-elle. « Ça m'a paru évident. C’est là que j’ai appris à rouler les volailles, j’ai beaucoup aimé ». Elle suit une seconde formation avec le Comité Interprofessionnel de la Volaille de Bresse (CIVB) pour peaufiner son projet. Elle visite une quinzaine d'élevages pour trouver le matériel et l'organisation qui lui conviennent le mieux. En parallèle, elle commence à monter son dossier d'installation pour toucher la DJA.

Pauline reçoit 700 poussins toutes les 6 semaines

Ne reste plus qu’à trouver un nom pour son élevage. « J’ai choisi de l’appeler ‘La ferme du Coq Bressan’, en hommage à ma grand-mère et à son épicerie fine ‘Au Coq Bressan’, commerce réputé à Lons-le-Saunier. C'est un nom qui parle aux habitants de la région, c'est cohérent ».

Un an de travaux

Septembre 2022, les premiers travaux peuvent débuter. Le gros-œuvre (bâtiments, aménagement et clôtures) sera réalisé entre janvier et juin 2023. « Les poulaillers étaient trop détériorés pour être réutilisés tels quels », explique l’éleveuse. « Ils n'étaient plus en cohérence avec le cahier des charges de l'AOP. J'ai préféré les démolir pour repartir sur du neuf ». Son choix se porte sur la construction de quatre poulaillers en galva, avec murs et plafonds en panneaux sandwichs, construits sur des dalles en béton. Chacun dispose d’un parcours enherbé d’un hectare.

En mars, le premier est terminé. Pauline peut alors recevoir un lot de 700 poussins âgés d’un jour, fournis par le centre de sélection de Béchanne (lire page 5). Pour assurer le roulement, elle en reçoit toutes les 6 semaines. Le cahier des charges de l’AOP stipulant un élevage minimum de 120 jours, les premiers poulets sont disponibles à la vente dans la boutique de la ferme depuis ce mois de juillet. « J’aime accueillir les visiteurs et clients, leur expliquer le métier, montrer les installations… Dans le respect des règles de sécurité sanitaire bien sûr ».

Outre les volailles de la ferme, la boutique propose divers produits locaux

Une partie de la production est rachetée vivante par le Gaec Laurency et Pauline a commencé à démarcher bouchers et restaurateurs pour proposer ses produits. « Je suis en contact avec des professionnels locaux mais aussi des parisiens avec qui mes parents travaillaient. Ce serait chouette de poursuivre cette collaboration ».

Produire l’alimentation

Pour le moment, poulets, poulardes et pintades sont produits à la ferme du Coq Bressan mais l'an prochain, un nouveau bâtiment accueillera des chapons. « C’était trop juste pour cette année, précise l’éleveuse, car il faut de la trésorerie pour les nourrir. Pour la période des fêtes 2023, je me fournirai chez une collègue ». Il reste aussi à terminer la salle de finition avec les épinettes.

A terme, Pauline aimerait profiter des 5,5 hectares de terre qui restent disponibles sur la ferme pour cultiver une partie des céréales nécessaires à l’alimentation des volailles. Si elles trouvent 70% de leur nourriture dans le sol, le reste se compose de blé, de maïs et de lait obligatoirement produit sur la zone AOP. « Cela me permettrait de mieux maîtriser les coûts mais aussi le taux de protéines apportées, surtout quand il fait chaud car il y a moins d’insectes. Mais c’est compliqué car il faut un espace de stockage et le matériel pour le broyage. Je me donne 5 ans pour y arriver ».

S.C.

Les premiers poulets de Bresse produits sur place sont commercialisés depuis juillet

Des débuts compliqués par la grippe aviaire

Lorsque Pauline reçoit ses premiers poussins, la grippe aviaire sévit en France, le pays est en alerte sanitaire et des restrictions sont mises en place. Pour y faire face, l’éleveuse a suivi une formation obligatoire en biosécurité.

« En temps normal, nous gardons les poussins 5 semaines en poulailler mais nous avons dû les garder enfermer deux fois plus longtemps, » raconte-t-elle. « C'était compliqué, car les volailles de Bresse vivent très mal le confinement mais il y avait des possibilités de dérogation vétérinaire. Heureusement, toutes les alertes ont depuis été levées. J'ai aussi de la chance de ne pas être dans une zone à haut risque : il y a peu de points d'eau dans les environs, ce n’est pas un point de passage pour les oiseaux migrateurs ».

La ferme du Coq Bressan

285 route de Blanay à Courlaoux (39570)

06 88 51 75 05 – [email protected]

Boutique ouverte du lundi au samedi de 10 à 12h00 et de 14 à 18h00 ou sur commande le dimanche matin. Le samedi matin, poulets de Bresse rôtis (sur commande).

Pour profiter de la fraicheur, les poulets passent l’été à l’ombre des pommiers