Journée régionale porcine
L'enjeu de la modernisation

Christine Roguet, du pôle économique de l'IFIP, est l'invitée cette année de la journée régionale porcine. Le 30 novembre prochain à Saône, elle analysera les différents modèles d'élevage porcin en Franche-Comté face aux enjeux économiques et sociaux.
L'enjeu de la modernisation

Pour la quatrième année consécutive, un forum des métiers du porc se tiendra dès 10 heures, le 30 novembre prochain à Saône dans le cadre de la journée régionale de la filière porcine. L'occasion pour tous les publics concernés par l'élevage porcin de se rencontrer : futurs cédants, jeunes en formation qui se destinent au métier ou avec un projet d'installation et salariés agricoles sont ainsi invités à échanger avec les acteurs régionaux en charge de l'installation et de la transmission des exploitations, ainsi que des représentants du monde de la formation et de l'emploi agricole.


Le renouvellement en question


Côté thème technique, le sujet retenu cette année est celui des systèmes d'élevage porcins en Franche-Comté, face aux enjeux économiques et sociaux. « Nous sommes depuis quelques années déjà confrontés à des retournements très rapides de la conjoncture, introduit Denis Creusy, d'Interporc Franche-Comté : la question se pose de trouver des modèles d'élevage capables d'exister et de faire face à des évolutions rapides dans ce contexte économique. »
« Je vais faire un état des lieux de la production porcine en région Franche-Comté, annonce Christine Roguet, du service économie de l'IFIP (Institut technique de recherche et de développement de la filière porcine), et intervenante de cette édition : en arrière-plan de la question sensible de l'installation en élevage porcin et du renouvellement des générations, il y a la thématique du vieillissement des bâtiments, de la vétusté des installations. En analysant les caractéristiques des élevages, je me suis aussi rendue compte que peu d'éleveurs étaient en groupement. »


Moderniser, progresser


Sur le plan national, dans les départements à faible densité porcine, le manque d'éleveurs est responsable du déclin de la production et fragilise toute la filière (fabricants d'aliments, abatteurs...). Avec une seule installation en 10 ans, et la perte simultanée de 20 000 places, la filière porcine en Franche-Comté cherche à trouver un nouveau souffle, ne serait-ce que pour pouvoir fournir les salaisonniers producteurs de saucisses de Morteau et de Montbéliard. « La spécificité franc-comtoise, c'est à dire sa vocation d'engraisser des porcs pour approvisionner les filières sous signe de qualité à partir d'un co-produit de l'industrie fromagère locale – le lactosérum - , n'est apparemment pas suffisante pour générer une dynamique forte d'installation. Je vais donc détailler la semaine prochaine les trois enjeux qui me semblent primordiaux pour envisager l'avenir. Le premier est celui de la modernisation des élevages. Le vieillissement du parc des bâtiments, perceptible à travers de multiples indicateurs, pèse en effet sur les performances techniques et économiques. Un bâtiment vétuste entraîne par exemple une dégradation sur le plan sanitaire, qui va impacter négativement la productivité. De même, l'efficience de la main-d'œuvre est directement liée à la modernisation de ces bâtiments : meilleure ergonomie et sécurité, réduction des tâches pénibles, technologies plus efficaces. N'oublions pas que sur le plan économique, le travail est une contrainte forte, le second poste après l'alimentation en termes de coûts. Le second enjeux est justement celui de la performance technico-économique : comment arriver à construire un différentiel suffisant entre le prix de revient et le prix de vente pour dégager un revenu et une capacité d'investissement. Il faut pour cela disposer d'indicateurs précis, qui permettent de cibler les marges de progrès : indice de consommation, nombre de porcs produits par truie et par an chez les naisseurs, taux de pertes, etc. Enfin, la question du renouvellement des générations : quels sont les leviers pour renforcer l'attractivité pour le métier d'éleveur porcin ? » Pour attirer jeunes et salariés, les élevages de demain devront offrir de meilleures conditions de travail : le fonctionnement de l'élevage (choix techniques, organisation du travail), sa conception (fonctionnalité et luminosité des bâtiments) et ses équipements (automatisations) seront déterminants.


AC