Partenaires du développement économique des territoires : le mot est un peu nouveau dans la bouche de la présidente Marie-Andrée Besson, quand elle parle de l'association qui, dans le Jura, œuvre pour aider les agriculteurs en difficulté : l'ancienne RESA 39 rebaptisée Solidarité Paysans Jura depuis quelques mois. Une approche qui permet à la présidente et à son équipe de sensibiliser un peu mieux les élus et autres partenaires du monde rural aux difficultés que peuvent rencontrer ces agriculteurs qui restent des acteurs incontournables de la vie des campagnes. Les territoires comme on les appelle...

Et, quoi de mieux que des chiffres pour expliquer et montrer toute l'ampleur de ces difficultés !
Entourée de trois bénévoles, Jean-Michel Montassier, Guy Forest et Gérard Aymonier, la présidente surfe du national au départemental en passant par le régional. En France, l'agriculture a perdu 225 900 emplois entre 2000 et 2012. Et les 474 000 exploitations restantes (515 000 en 2010) emploient 731 400 actifs. En Franche-Comté, ce sont 3 247 emplois qui ont été perdus et il reste 13 917 actifs dans les quelque 9 500 exploitations de la région.
En matière d'emploi direct, un agriculteur français fait vivre 0,54 personnes, chiffe qui tombe à 0,47 pour la Franche-Comté et les emplois indirects (services, commerce, banque, industrie...) sont estimés à 4 500 pour la région. Solidarité Paysans suit près de 3 000 fermes en France et arrive au maintien de 70% d'entre elles.
L'agrandissement des exploitations provoque une diminution de leur nombre (- 26%) et du nombre d'exploitants (- 2'%) et, dans le même temps, une augmentation du nombre d'accompagnés (+ 18% entre 2011 et 2013), du nombre de nouveaux appels (+ 35% sur cette même période) et des ouvertures de procédures collectives (+ 24%). En Franche-Comté, 30 exploitations sont en redressement ou en liquidation judiciaire, dont une dizaine dans le Jura. Parmi celles-ci seules 2 ou 3 sont suivies par Solidarité Paysans.
Gérard Aymonier met l'accent sur l'envol des taux d'endettement (jusqu'à 80%) dans un contexte qui évolue profondément, «ce qui implique d'être formaté chef d'entreprise agricole et non plus paysan...». Des taux d'endettement directement à l'origine de la faiblesse des revenus et de toute la spirale des difficultés qu'elle génère : perte de moral et de santé... pour ne citer que les premières à apparaître.

Acteurs d'un territoire

Mais l'accompagnement des agriculteurs en difficulté, ce n'est pas que du technique ou de l'économique pour Guy Forest : «C'est un accompagnement global à une personne qui, dans la plupart des cas, n'a aucun document comptable, ne touche pas le RSA et se sent complètement isolée. Le plus dur c'est de renouer le dialogue, de l'amener à la réflexion et à une prise de recul qui seront nécessaires avant de prendre toute décision. Car l'agriculteur doit rester maître de cette décision... De notre côté, nous devons montrer que faire plus ce n'est pas forcément la bonne solution.»
Le responsable insiste sur tout le travail fait par Valérie, l'animatrice, sur les recherches de financements pour faire tourner la structure, sur le travail d'alerte des élus locaux. «C'est important pour un élu d'être informé car l'agriculteur est un élément important pour l'entretien de l'espace et l'activité économique d'un territoire...»
Des relations de partenariat sont entretenues avec le conseil général et la MSA. Les banques apportent une reconnaissance qui mériterait de se traduire un peu plus financièrement. Et l'association départementale s'appuie sur un réseau national qui peut intervenir sur certains dossiers comme la prise en charge de frais de formation : «On se débrouille pour payer des formations nécessaires à ceux qui ne sont pas à lourde leurs cotisations Vivea» appuie la présidente.
Dans la salle, parmi les élus et autres acteurs du monde rural, Claude Giraud, le maire de Montrond, appuie sur «la prise de conscience des élus» et leur «volonté de faire avancer les choses» avec Solidarité Paysans, association qu'il considère aussi comme «un partenaire du développement économique de nos territoires»...

M.R.