Barrage de Vouglans
Le barrage fête ses 50 ans

Construit entre 1963 et 1968, le barrage de Vouglans a complètement modifié une grande partie de la vallée de l'Ain, à l'extrémité sud du département du Jura. Plus de 200 personnes déplacées, des villages et hameaux ensevelis sous les 600 millions de mètres cubes d'eau de ce lac de Vouglans, retenue artificielle longue de 35 kilomètres et s'étalant sur plus de 1 600 hectares... Un barrage qui, cet été, fête les 50 ans de sa mise en eau.
 Le barrage fête ses 50 ans

La construction du barrage de Vouglans, monstre de technologie, et l'épopée humaine de tous ceux qui ont travaillé cinq années durant sur ce chantier hors du commun, ont été évoquées par Armand Spicher dans son livre paru au début des années 90 « Vouglans, un lac, un barrage, un pays ».

Le journaliste jurassien voulait alors rendre un hommage au passé et au présent en construction, conserver dans les mémoires une trace de la vallée de l'Ain aujourd'hui submergée par des millions de mètres cubes d'eau, de la chartreuse de Vaucluse dont il ne susbsiste que le porche d'entrée, des hameaux de Brillat, de Bellecin et du Bourget et, surtout, de toutes les femmes et de tous les hommes qui vivaient là et qui durent partir...
Sur moins de 40 kilomètres, entre Pont-de-Poitte et Menouille, s'activait une petite population au hasard de rares villages. Plutôt nichée dans des hameaux ou de vieilles fermes éparpillées le long de la rivière. La terre demeurait fertile mais peu à peu l'isolement, l'éloignement de tout avaient fait des ravages.
Combien restaient-ils exactement en 1968 ? 140, 150 peut-être à vivre au fil des saisons, rythmées par les crues de printemps et les sécheresses d'hiver.
Même abandonnée par les jeunes qui allaient chercher du travail ailleurs, cette vallée n'était pas un désert ! Subsistaient encore le Bourget, ultime village de 80 âmes, les hameaux de Brillat et de Généria et quelques bâtisses à Bellecin... L'activité était articulée autour d'une usine hydro-électrique, de six tourneries artisanales, deux restaurants, un ancien moulin, la plupart des habitants étaient cultivateurs.

 

La Charteuse épargnée

 

Cette vallée recellait aussi un véritable joyau : la Charteuse de Vaulcuse, petite merveille architecturale blottie dans un coude de la rivière. Ce monastère était l'orgueil de toute la vallée, même si les habitants ne lui vouaient pas une fidélité à toute épreuve.
A en croire les plus anciens, cette Charteuse fut un haut lieu de pèlerinage, un endroit magique où le public se pressait, où des centaines de visiteurs venaient régulièrement goûter la fraîcheur et le calme de ses murs chargés d'histoire.
La réalité semble quelque peu différente : les bâtiments étaient en ruines, le chemin d'accès très difficile et le secteur était davantage fréquenté par des pêcheurs en quête de bons coins que par des touristes en mal de monuments. Restée discrète dans son écrin de verdure, elle était un lieu austère fréquenté par les seuls gens de la vallée.
Aussi, quand la nouvelle de la submersion de la vallée fut répandue, ce fut un véritable choc pour les amoureux de l'endroit et plus généralement du patrimoine.
Inscrite à l'Inventaire, cette Chartreuse ne fut pourtant jamais classée Monument Historique... Abandonnée à son sort, elle disparut donc sous les eaux, « profitant » d'une certaine forme de mansuétude des gens d'EDF qui enlevèrent seulement sa toiture et épargnèrent ses murs, contrairement aux autres bâtisses de la vallée...
Cinquante ans après la mise en eau du barrage, seuls restent quelques souvenirs chez les plus anciens, des photos jaunies, des cartes postales vieillissantes. Ce petit univers est mort, enseveli autant dans les mémoires que sous les eaux.

 

Michel Ravet, d'après Armand Spicher

 

Vouglans en chiffres


Mis en service en 1968 après 7 ans d'études et 5 ans de travaux qui ont mobilisé au total près de 600 personnes, le barrage de Vouglans est en exploitation industrielle depuis 45 ans.
Implanté à l'amont des deux hameaux de Vouglans et de Menouille, dans une gorge de 200 mètres de profondeur, l'installation, d'une hauteur de 103 mètres au-dessus du niveau de la rivière d'Ain, et qui aura nécessité près de 545 000 m3 de béton lors de sa construction, est la troisième retenue de France avec une capacité de stockage de 600 millions de m3 d'eau.
300 millions de kilowattheures sont produits chaque année, grâce à l'usine hydroélectrique située au pied du barrage, soit la consommation en électricité de deux villes réunies comme Oyonnax et Bourg-en-Bresse.
Cette production électrique, réalisée à partir d'une source d'énergie renouvelable non émettrice de gaz à effet de serre, permet d'économiser chaque année l'équivalent de 350000 tonnes de rejets de C02.
Outre sa fonction énergétique et son rôle majeur pour la sécurité du réseau d'électricité, l'installation hydroélectrique de Vouglans contribue également à répondre aux besoins de nombreuses activités comme la régulation des débits du Rhône, l'irrigation, l'eau potable, le tourisme, la pêche et les sports d'eaux vives. Elle commande également une chaîne de 6 aménagements hydroélectriques situés sur la vallée de l'Ain, pouvant mettre à disposition du réseau d'électricité 400 MW de puissance en moins de dix minutes.
Vouglans en fête
Pour célébrer cet anniversaire, de nombreuses animations sont proposées. Un parcours sécurisé, tout en, douceur permettra de découvrir le barrage en famille, à pied, à vélo... les 25 et 26 août à Cernon : accès au couronnement du barrage, animations surprises, sportives et culturelles, marché artisanal, spectacle gratuit.
Plus d'infos et réservations sur : www.50ans-vouglans.com