La commission nationale du débat public a invité pour la première fois dans le Jura les citoyens à débattre durant deux heures et demi sur la réforme de la Pac et son impact sur l’environnement.
Un exercice peu habituel pour le monde agricole d’autant plus sur un sujet aussi technique que la politique agricole commune !
Dans la salle des fêtes de Poligny, les participants sont dispersés par table de six personnes et chacun comprend rapidement que les débats auront lieu en petits groupes avec l’objectif de trouver des propositions communes.
Dans l’assemblée, les agriculteurs sont bien présents toutes tendances syndicales confondues, des représentants d’ONG et d’associations environnementales, alimentaires ou sociales également. Enfin, des citoyens locaux curieux et néophytes du sujet ont fait le déplacement.
Après une demi-heure de présentation très technique de la Pac par les services de la DRAAF, les participants abreuvés de sigles en tout genre ont enfin la possibilité de s’exprimer... Certains se sont alors sans doute demandé ce qu’il faisaient là, noyés dans ce jargon d’initiés.
La question posée est la suivante : quelles sont les opportunités et les contraintes de l’agro écologie et proposez trois mesures en faveur de la transition agro-écologique ? Les débats se déroulent alors, de manière plutôt respectueuse, par groupe bien que des visions différentes se confrontent parfois, notamment entre agriculteurs d’obédiences différentes. Après un temps de mise en commun des propositions plus ou moins précises, - qui seront consultables sur internet - sont revenues de manière récurrente : le financement des pratiques environnementales vertueuses, conditionnaliser les aides aux résultats environnementaux, favoriser l’économie circulaire au sein d’une ou plusieurs exploitations, valoriser les puits de carbone, aider la production de protéines locales, accompagner la construction de filière locales à l’image du comté…
Le bébé et l’eau du bain !
Notons que, malgré toute attente, les sujets phytosanitaires ou agriculture bio sont assez peu ressortis dans les propositions présentées. D’autres débats, pas moins intéressants mais hors du sujet demandé, sur l’architecture des aides ou le mode de répartition du premier pilier, ont été abordés également.
Au final, que retenir de cet exercice ? Qu’il aura donné l’occasion aux agriculteurs de témoigner directement sur leurs pratiques et leurs pensées avec les citoyens lambda. Pour ce qui est des participants militants pour une cause environnementale, la convergence des positions semble encore bien lointaine. Seule une augmentation substantielle du budget de la Pac permettant d’accélérer les transitions sans impacter le revenu des agriculteurs, amènerait à un débat apaisé et moins partisan. Comme l’a rappelé le président de la chambre d’agriculture, le retour financier de la contribution de la France à la Pac représente à peine 0.5% du PIB ce qui n’est pas énorme. « Beaucoup d’efforts sont déjà faits par les agriculteurs notamment dans le Jura, ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain ! ».
PE Brunet