« Nous devons travailler ensemble »

FEDERATION DE PECHE DU JURA / Un nouveau conseil d’administration, présidé par Roland Brunet, vient d’être élu à la Fédération de pêche du Jura. La situation des rivières jurassiennes est grave mais peut encore être inversée. Pour y arriver, ce CA souhaite ouvrir la discussion et travailler avec l’ensemble des acteurs concernés par la gestion des milieux aquatiques : administrations, tourisme, agriculture…

« Nous devons travailler ensemble »

Fin mai, quatorze des quinze administrateurs de la Fédération de pêche du Jura démissionnaient. « La sauce n’a pas pris entre eux, ils ont préféré laisser leur place, » raconte Roland Brunet, président du nouveau conseil d’administration élu depuis. Jeune retraité à Port-Lesney, pêcheur depuis toujours, il était déjà au CA de la fédération entre 2016 et 2018. « Ce nouveau groupe rassemble des profils divers et variés : avocat, chef d’entreprise, retraité de l’administration, salarié dans le secteur de l’environnement… Le plus jeune a trente ans. » décrit le nouveau président. « Tous sont pêcheurs, ce qui n’était pas le cas avant, beaucoup étaient retraités. »

Leur mandature sera très courte puisqu’elle prendra fin en mars 2022, date à laquelle de nouvelles élections auront lieu. Mais le nouveau conseil d’administration entend mettre à parti ce laps de temps pour poser de nouvelles bases et lancer des projets. « Nous devons retrouver de la sérénité dans notre fonctionnement, » explique Roland Brunet. « Les AAPPMA (Association Agréée pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique) du département commençaient à se poser des questions ».

« La situation peut s’inverser »

Le principal enjeu auquel la fédération de pêche doit faire face est la qualité de l’eau des rivières jurassiennes. Le bilan dressé par le nouveau président n’est pas bon : « Les épisodes de mortalité piscicole ont toujours existé mais depuis les années 90 la situation se détériore progressivement. Cette année est particulièrement dure, les mortalités sont échelonnées dans le temps et difficiles à quantifier. A part quelques têtes de bassin, la plupart des rivières sont maintenant concernées. L’Ain et la Bienne, qui étaient des références pour la pêche dans le Jura, sont parmi les plus touchées par la pollution. »

Le constat est sombre mais la situation peut encore s’inverser : « Le potentiel des rivières jurassiennes existe toujours. L’offre pêche continue d’attirer les touristes dans le département. Mais il faut arrêter de tirer sur la corde avant qu’il ne soit trop tard. »

Le but de ce nouveau conseil d’administration sera de repositionner la fédération jurassienne en tant qu’interlocuteur incontournable sur les problématiques liées à l’eau. « Jusqu’à présent nous n’étions pas un interlocuteur fort. Pourtant, les fédérations de pêche sont les acteurs légitimes pour la gestion des milieux aquatiques. Elles sont agréées par l’État pour cela et participent par exemple aux cellules sécheresse au même titre que les agriculteurs et les pompiers. Les causes de cette dégradation étant multifactorielles, nous devons ouvrir la discussion avec l’ensemble des acteurs concernés : les administrations, le tourisme, l’agriculture…  Cela ne se faisait plus. Nous avons tout à gagner à travailler ensemble et être clairs et sincères. »

Une main tendue

Les administrateurs nouvellement élus souhaitent établir un dialogue constructif avec les agriculteurs. Roland Brunet a déjà rencontré à ce sujet des représentants de la chambre d’Agriculture et syndicaux. Le CIGC (Comité interprofessionnel de gestion du comté) a aussi été invité à se joindre à cette discussion. « Nous connaissons l’importance de l’agriculture dans la région. Nous tendons la main à tous car le temps n’est pas à la confrontation mais à la concertation. Nous devons être partenaires sur le sujet, comprendre les impératifs et caractéristiques de chacun pour définir ensemble des groupes de travail. Si nous ne le faisons pas, les réseaux sociaux risquent de prendre la place laissée libre. Une image peut alors mettre le feu aux poudres. Il faut absolument éviter une guerre de l’eau, les conflits ne sont jamais bons. »

La fédération de pêche souhaite apporter à ce débat son savoir-faire, notamment en termes d’analyse grâce à ses ingénieurs hydrobiologistes, et sa connaissance de l’ensemble des cours d’eau jurassiens. « Les 12 000 pêcheurs, répartis en 28 AAPPMA sur l’ensemble du département, sont autant de sentinelles. Ils nous permettent de faire remonter les informations en temps réel pour résoudre au plus vite les litiges. »

SC